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Dérèglement climatique : « Sans régulation, des assureurs vont se retirer des zones les plus exposées »

Invité sur France Inter à deux jours des « Universités de l’Économie de Demain » organisées par le mouvement Impact France qu’il co-préside, Pascal Demurger, également directeur général de l’assureur Maif, s’est livré ce lundi à une explication intéressante sur la relation complexe entre l’assurance, les enjeux climatiques et les valeurs sociétales. 

Face à l’accroissement des catastrophes naturelles, il n’a pas éludé le dilemme posé aux assureurs : les demandes d’indemnisation augmentent, les coûts pour les assureurs aussi, mécaniquement les primes des assurés vont donc avoir tendance à augmenter.

Pourtant, contrairement à d’autres, la Maif a fait un effort important en gelant ses tarifs d’assurance de 2019 à 2022, puis en limitant la hausse de ses primes à 2% en 2023, soit trois fois moins que l’inflation. Preuve qu’un « assureur militant », comme le dit son slogan, sait s’adapter aux contraintes des assurés.  Pour autant « ce n’est pas un modèle viable dans la durée », a-t-il reconnu, « on prend sur nos réserves ». Le monde de l’assurance interroge donc son modèle économique.

La mutualisation des risques, seule issue possible ?

Mais le dilemme concerne aussi les pouvoirs publics. « Si on laisse faire le jeu de la concurrence, sans régulation, des assureurs vont se retirer dans quelques années des zones les plus exposées du territoire. C’est pourquoi que je travaille d’arrache-pied pour convaincre les assureurs qu’il n’y a pas d’autre solution qu’une réponse commune », a-t-il poursuivi.

Pascal Demurger plaide donc pour une réponse commune entre assureurs, qui passe par la mutualisation des risques sur l’ensemble du territoire. Cette mutualisation est déjà le propre du métier d’assureur. Mais le temps semble venu d’une régulation pour consolider cette approche, afin qu’elle ne se délite pas. 

Par ailleurs interrogé sur le mouvement Impact France (MIF), qu’il co-préside avec Julia Faure (Loom) et qui organise ses « Universités de l’Économie de Demain » à la Cité Universitaire de Paris ce 30 août, Pascal Demurger a expliqué que ce mouvement vise à réconcilier la performance économique avec un engagement en faveur de l’écologie et du social. Il a souligné l’importance de stimuler le changement au sein des entreprises, tout en pesant sur les décideurs pour modifier les règles du jeu.

A la question de savoir si le mouvement Impact France était une sorte de Medef avec des valeurs plus sociales et écologiques, il a répondu en toute simplicité : « Je vais à leur université d’été cet après-midi, je ne me définis pas par rapport au Medef ».

Le Mouves, un autre mouvement plus petit et beaucoup plus radical

Pour autant, il est toujours bon de croiser les discours et les engagements concrets au sein des entreprises. Son arrivée à la co-présidence du MIF ayant été chahutée sur les réseaux sociaux par des militants demandeurs de cohérence entre les discours et les actes, Pascal Demurger a aussi été interrogé sur la question des écarts de rémunération à la Maif.

De façon surprenante, Pascal Demurger a assuré que jamais le mouvement Impact France n’avait fixé de règle imposant de limiter l’écart de rémunération à 10 Smics au sein d’une même entreprise. « C’est un autre mouvement, plus petit et beaucoup plus radical » qui a exprimé cette demande, assure-t-il, omettant de préciser que ce petit mouvement était le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), qui s’est renommé en MIF voilà juste trois ans.

Toujours est-il que Pascal Demurger a clarifié sur France Inter la nouvelle doctrine d’Impact France en matière d’écart de rémunérations : « Nous avons fixé deux limites : le plus haut salaire de l’entreprise ne doit pas dépasser 20 fois le plus bas salaire, ou 15 fois le salaire moyen de l’entreprise, précise-t-il, c’est infiniment inférieur à ce qui se pratique dans les entreprises du Cac 40 ».

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