L’approche des Français vis-à-vis de la finance responsable se transforme, témoigne le dernier sondage de l’IFOP pour le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) : la finance responsable reste perçue comme un levier crucial pour améliorer les pratiques sociales et environnementales des entreprises, mais l’intérêt des Français pour les questions environnementales est en recul, révèle cette enquête réalisée à l’occasion de la Semaine de la finance responsable, qui s’est tenue du 25 septembre au 5 octobre et qui vient de refermer ses portes (voir le site du FIR).

Selon cette enquête, plus de trois épargnants sur cinq estiment que les établissements financiers doivent « dialoguer et faire pression » sur les entreprises pour les inciter à adopter des pratiques plus responsables sur le plan social et environnemental. Un chiffre encourageant, estime Grégoire Cousté, délégué général du FIR, qui se félicite de voir les Français soutenir les efforts d’engagement actionnarial : « Ces résultats nous confortent dans le développement de nos activités de dialogue et d’engagement avec les grandes entreprises. »

Cette perception positive du rôle des acteurs financiers s’inscrit dans un contexte où les Français semblent de plus en plus conscients du pouvoir qu’ils détiennent par le biais de leur épargne pour influencer les grandes entreprises. 45 % des épargnants pensent d’ailleurs pouvoir avoir un impact réellement positif sur l’environnement et la société à travers leurs décisions d’investissement.

Un recul des préoccupations environnementales

Toutefois, l’étude 2024 révèle un « tassement global de l’intérêt des Français pour les questions environnementales ». Fabienne Gomant, directrice adjointe du pôle Opinion de l’IFOP, explique ce phénomène par la conjoncture actuelle : « Ce recul peut sembler lié à une actualité incertaine, tant au niveau national qu’international, avec des enjeux perçus comme plus immédiats et urgents, éclipsant temporairement la préoccupation environnementale. »

Ce constat s’observe également dans les choix des épargnants. Si l’environnement reste un enjeu central, les préoccupations sociales, longtemps reléguées à l’arrière-plan, prennent de plus en plus de place dans les décisions d’investissement responsable. Trois thèmes émergent particulièrement cette année : 

• le bien-être au travail (76 %)
• la lutte contre les pollutions (76 %)
• les droits humains (75 %)

De nouveaux sujets comme l’agroécologie (68 %) et le vieillissement de la population (55 %) font également leur apparition dans les priorités des épargnants.

Un manque de visibilité des labels d’épargne responsable

En dépit de l’intérêt des Français pour ces thématiques adressées par la finance responsable, les labels qui permettent de clarifier le paysage et de sélectionner ses placements peinent encore à se faire connaître. Seuls 27 % des épargnants déclarent avoir entendu parler de labels d’épargne responsable et seulement 9 % d’entre eux citent spontanément le label ISR (Investissement Socialement Responsable). Par ailleurs, seulement 13 % des épargnants indiquent que leur conseiller leur a déjà proposé un produit d’investissement responsable, illustrant un écart – récurrent chaque année – entre l’intérêt des épargnants et l’offre des conseillers financiers.

Sonia Liman, présidente de la Commission Grand public du FIR, souligne pour sa part l’importance de renforcer l’offre de produits financiers intégrant les enjeux sociaux, afin de répondre aux attentes croissantes des Français dans ce domaine. 

La conviction des épargnants que l’investissement responsable peut contribuer à la transition écologique et sociale est en effet en constante augmentation, année après année. Les acteurs de la finance responsable doivent à présent non seulement adapter leur offre, mais aussi améliorer la visibilité des produits d’épargne labellisés.

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