Alors que plusieurs centres d’accueil de jour ont dû fermer leurs portes à Paris durant le confinement lié au Covid-19, celui des Grands Voisins géré par l’association Aurore est resté ouvert pendant toute la crise sanitaire, du lundi au vendredi de 9h à 16h, pour continuer d’y proposer les services habituels destinés aux réfugiés statutaires et aux demandeurs d’asile.
« L’Accueil de Jour des Grands Voisins est destiné aux hommes seuls vivant à la rue, sans hébergement« , précise Seynabou Dia, travailleuse sociale, dans ce reportage vidéo de Mediatico. En réalité, il a aussi accueilli ces dernières semaines tous les hommes sans domicile et en situation de vulnérabilité, d’autant plus fragilisés par cette crise exceptionnelle.
30.000 personnes migrantes accueillies en 2018
Sur le trottoir, la file d’attente est parfois impressionnante. « En 2018, nous avons vu jusqu’à 600 personnes attendre dehors et nous avons accueilli presque 30.000 personnes sur l’ensemble de l’année« , témoigne Seynabou Dia. Elle qui parle d’un afflux de demandeurs particulièrement fort les lundis, mardis et mercredis. Ils viennent pas ici pour dormir, mais pour se laver, se reposer, prendre un petit déjeuner, recharger son téléphone, se faire soigner, prendre des cours de français… Tant de choses qui nous semblent élémentaires et qui représentent pour eux quelques heures d’humanité.
Aux Grands Voisins, la capacité d’accueil du site est de 125 personnes par jour, désireuses d’obtenir une place d’hébergement et un examen de leur situation en vue de l’obtention du statut de réfugié. « Si 200 personnes se présentent, nous ne prenons que les premiers : une centaine d’entre eux devra revenir le lendemain« , précise Seynabou Dia. En attendant, ceux qui sont arrivés assez tôt pourront participer à l’un des ateliers menuiserie pilotés par Adrien Baloche, salarié de l’association Aurore, qui crée avec eux des jeux en bois.
La capitale ne compte que 2 accueils de jour pour les migrants : largement insuffisant
Sur le site des Grands Voisins, de nombreuses histoires méritent le détour. Comme celle de Niomat, jeune Afghan de 23 ans, qui a tout appris du Français dans cet Accueil de Jour et qui s’exprime aujourd’hui correctement face à la caméra. Ou comme celle de Ramine, passionné d’informatique, devenu cuisinier au restaurant Chez Ghada pour gagner sa vie et conscient d’avoir aujourd’hui un métier entre les mains.
A Paris, 146.000 places d’hébergement d’urgence sont ouvertes toute l’année pour l’ensemble des personnes en situation de précarité, en grande partie dans des hôtels sociaux. Un nombre largement insuffisant, dénoncent les associations, qui relèvent que 1.600 familles appellent chaque jour le 115, sans obtenir d’hébergement d’urgence. Quant aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, ils ne peuvent compter que sur deux accueils de jour dans la capitale. Là aussi, un nombre très en-deçà des nécessités.