La beauté peut-elle ré-enchanter le quotidien des mineurs isolés de l’Aide Sociale à l’Enfance ? Emmanuelle Andrez en est convaincue. Elle a fondé Ré-Enchantement, une association anticonformiste engagée pour l’accès de chacun à la contemplation de la beauté artistique. « Nous mettons en contact le monde de la mode et de la haute couture avec des personnes vulnérables, deux mondes qui ne se connaissent pas mais qui ont tant à s’enrichir l’un de l’autre », explique celle qui vient de recevoir un Trophée de l’ESS de la Ville de Paris.
En proposant des actions artistiques, culturelles et pédagogiques aux personnes vulnérables, tels les mineurs isolés recueillis par l’Aide Sociale à l’Enfance, l’association Ré-Enchantement ouvre donc à ces personnes qui ont fui les persécutions, la guerre ou la maltraitance, de nouveaux horizons vers lesquels elles ne se seraient pas tournées de manière intuitive. Embellir un service hospitalier, une crèche ou un centre d’hébergement, réimplanter dans ces locaux des scénographies de défilés de haute-couture ou des vitrines de luxe pour la plupart détruites après utilisation, voilà qui permet parfois de donner un sens à son quotidien.
Vivre l’art de l’intérieur pour s’ouvrir de nouvelles possibilités
Emmanuelle Andrez sait donc que l’art et la culture peuvent sauver. De même que tous les métiers artisanaux. « Malheureusement, bien souvent, les formations proposées à ces jeunes ne permettent pas d’évolution professionnelle, soutient-elle. Lorsque j’ai constaté qu’il y avait 10.000 emplois à pourvoir chaque année dans le secteur de la haute-couture et du luxe, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire ». Au-delà d’une sensibilisation à l’art, Ré-Enchantement offre donc aussi des perspectives professionnelles aux apprentis.
Au sein de l’association, l’artiste plasticien Olivier Terral propose quant à lui des formations pour permettre aux bénéficiaires« de s’exprimer et de montrer une situation qui est la leur à travers des œuvres d’art. » L’artiste s’est toujours intéressé aux associations à vocation sociale et à la mise en avant de personnes marginalisées ou démunies. Avec Ré-Enchantement, il a trouvé ce qu’il cherchait. Son atelier a pour fil rouge l’empreinte digitale, à la fois comme œuvre collective, comme « questionnement sur l’identité » et comme trace que l’artiste laisse derrière lui.
Ses apprentis artistes vont traverser toutes les étapes de la création artistique, du dépôt d’une empreinte à la présentation d’un objet fini. « Ils vont vivre l’art de l’intérieur, pour s’ouvrir de nouvelles possibilités ».