En ce début 2021, voilà qui restera comme l’un des effets collatéraux positifs de la pandémie : l’engouement des Français pour les actes du quotidien qui ont vraiment du sens. Penser à ses proches. Être solidaire. Consommer local. Ou donner « du pouvoir à son argent » comme le scande Miimosa, plateforme de financement participatif dédiée aux projets alimentaires et agricoles. De fait, les 26 premières plateformes françaises ont été plébiscitées l’an dernier : au premier semestre, elles ont financé l’économie réelle à hauteur de 320 millions d’euros, soit une croissance de 34% sur un an, assure fièrement Financement Participatif France, pourtant habituée aux rythmes de croissance à deux chiffres. Les données du second semestre devraient bientôt conforter la tendance. Un engagement notable de chaque Français contributeur, donc. Mais une paille à l’échelle du gigantesque plan de relance, auquel ces plateformes aimeraient bien contribuer.
La finance participative entend en effet accélérer la cadence, en s’appuyant sur la relance. Histoire d’augmenter son volume d’affaires ? Peut-être. Mais plus probablement pour se sentir utile, démultiplier son impact et contribuer à la relance économique. A l’heure qu’il est, seuls les fonds d’investissement et les banques sont autorisés par Bercy à distribuer les 20 milliards d’euros de prêts participatifs ou d’obligations destinées à consolider les fonds propres des entreprises. Il serait cohérent d’y ajouter le canal du financement participatif, pour l’heure écarté du plan de relance alors qu’il est bon connaisseur du tissu économique régional ou local, proche des TPE-PME et de l’économie sociale et solidaire, capable d’analyser les entreprises en amont, puis de mobiliser l’épargne des Français en aval lorsqu’ils souhaitent financer en direct l’économie réelle. Il manque toutefois un feu vert de Bercy pour apposer le label « Relance » sur les projets en financement participatif…
Coup d’accélérateur aussi du côté de Lita.co, qui vient de lancer « Rift ». Autre plateforme de financement participatif qui entend « donner du sens » à notre argent, Lita a en effet lancé, via sa filiale More Impact et après deux ans de mise au point, la version bêta de Rift (la « rupture » en anglais), une application pour smartphone qui propose de vous aider à flécher votre épargne de façon responsable. Son ambition : devenir le Yuka de la finance, en scannant vos comptes courants, livrets A et assurances-vie, pour vous permettre « de façonner votre épargne à votre image ». Alléchant ! Objectif : atteindre 1 million d’utilisateurs en six mois. Dire qu’il a fallu attendre 2021 pour l’avoir !
Dans Rift, entrez le nom de votre banque, puis votre produit d’épargne : vous obtiendrez l’empreinte carbone de votre argent. Indiquez ensuite les causes qui vous tiennent à cœur – logement social, emploi durable, climat… – vous recevrez des conseils de placements solidaires ou responsables, à vocation sociale ou environnementale, labellisés entre autres par Finansol ou Novethic. Une seule chose manque à Rift : le passage à l’action, autrement dit la souscription en un clic. Mais la réglementation bancaire est stricte. En attendant qu’elle change, la version bêta de Rift est en test, pour être améliorée. Testez-la !
Quant à Finansol, puisque l’on en parlait, l’association appuie elle aussi sur l’accélérateur. Pionnière de la finance solidaire, précurseur en France et en Europe depuis 30 ans, elle s’apprête à fusionner l’été prochain avec l’Impact Invest Lab (iiLab), la plateforme d’expérimentation déjà proche de Finansol, qui milite pour le développement de l’investissement à impact social en France, a annoncé Frédéric Tiberghien, président de Finansol, dans ses vœux de bonne année. Alors, adieu Finansol ? « C’est un tournant pour notre association qui changera de nom à cette occasion », indique-t-il.
Pour des raisons juridiques, c’est en effet l’iiLab qui absorbera Finansol, avant d’accoucher d’un nouveau nom. Mais la marque et le label Finansol continueront d’exister, a assuré Frédéric Tiberghien à Mediatico. Vous retrouverez sous peu son interview sur l’avenir de Finansol sur Mediatico.fr.