Campagnes du Planning familial, formations à la désobéissance civile, lutte contre un nouvel aéroport à Lille… Ces actions valent désormais sanction ! La plupart des associations ne l’ont pas vu venir, mais le Contrat d’engagement républicain instauré par le gouvernement début 2022 les met à présent en danger. Juridiquement et financièrement. Pourquoi ? Comment ? C’est ce que Mediatico a cherché à comprendre en invitant dans cette émission :
- Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif
- Marie Cohuet, porte-parole d’Alternatiba Paris
- Dorian Dreuil, du cercle d’animation Démocratie Ouverte
- Jean-Baptiste Jobard, coordinateur du Collectif des Associations Citoyennes
Dans l’actualité récente, plusieurs éléments sont venus souffler sur les braises, déjà brûlantes, des relations entre les pouvoirs publics et le monde associatif. Ici, un évènement annulé sur la place d’une mairie, parce que l’affiche de l’association montre le visage d’une femme voilée, parmi de nombreux autres visages. Là, le Préfet exige le remboursement d’une subvention accordée à une association écologiste, parce qu’elle prône la désobéissance civile non-violente. Là-bas, c’est une structure qui pourrait renoncer à prêter des salles associatives, parce que sa responsabilité est engagée quant au contenu des réunions… qu’elle n’organise pas elle-même.
Chaque fois, c’est le Contrat d’engagement républicain qui est invoqué par les pouvoirs publics pour justifier la sanction. Dans notre émission, Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, est particulièrement remontée :
Claire Thoury : « Les associations ont un projet, elles ne sont pas là pour faire plaisir aux pouvoirs publics. Or, le contrat d’engagement républicain sous-entend que les associations menacent la République et qu’il faut les contrôler. Ce n’est pas de la parano ».
Marie Cohuet, porte-parole d‘Alternatiba Paris, rappelle que son association écologiste forme les militants à des actions de désobéissance civile non-violente depuis des années. Et elle ne dit pas autre chose :
Marie Cohuet : « La répression de l’État s’intensifie. Dans le jeu du chat et de la souris, le chat est de plus en plus agressif. Quand nous avons décroché des portraits d’Emmanuel Macron dans les mairies pour symboliser le vide de son action climatique, nous avons eu des dizaines de procès. Même le bureau de lutte anti-terroriste a été saisi » !
Selon le Collectif des Associations Citoyennes, c’est l’ensemble du monde associatif qui est vent debout contre ce contrat d’engagement républicain. Ce texte s’attaque clairement aux libertés associatives et la cocotte minute n’est pas loin d’exploser, analyse Jean-Baptiste Jobard, coordinateur du Collectif.
Jean-Baptiste Jobard : « Nous avons créé en 2019 un Observatoire des libertés associatives et on le voit, les associations sont comme une grenouille dans un bocal : on chauffe le bocal, elle ne se rend pas compte qu’elle étouffe« .
A l’évidence, le gouvernement commet une erreur stratégique dans son approche du monde associatif, qui avait déjà mal démarré sous le premier quinquennat du président Macron. Dorian Dreuil, membre du cercle d’animation de l’association Démocratie Ouverte, tient pourtant à l’affirmer haut et fort : « L’activisme n’est pas un séparatisme« .
Et Dorian Dreuil de conclure : « Avec le contrat d’engagement républicain, les associations s’inquiètent à s’engager, alors qu’il faudrait encourager l’engagement citoyen, l’esprit de disruption, pour faire avancer les grands sujets de société. L’engagement bénévole nourrit les valeurs de la démocratie, qui elle-même permet de grandes avancées dans la conquête des droits civils« .