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Climat (social) incandescent : la France en état d’alerte

Environnement, Social, Gouvernance : le triptyque « ESG » bien connu de l’économie sociale et solidaire et des milieux financiers, vient tout à coup questionner la France entière. Un ultime rapport du GIEC, un ultime 49.3 sur les retraites, une ultime tension inutile sur les méga-bassines… Comme une traînée de poudre, les signaux d’alerte embrasent le pays, pour qui veut bien les voir. Jamais la convergence des luttes n’a semblé si proche, si évidente. Au point de s’étonner d’entendre si peu les représentants de l’économie sociale et solidaire s’exprimer sur ces sujets brûlants. Alors même que le climat (social), lui, est incandescent !

Parlons d’environnement d’abord, puisque l’enjeu planétaire est supérieur à tous les autres. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), que nul n’a plus le droit de remettre en cause désormais, vient de rendre la synthèse finale de son sixième rapport, plus alarmant encore que les précédents. Il redit ô combien donner « priorité à l’équité, à la justice climatique, à la justice sociale, à l’inclusion et à des processus de transition justes » est essentiel pour favoriser la baisse des émissions et un développement humain résilient. « Chauffe qui peut », titre une partie de la presse. Choix bienvenu, nos confrères de Vert le média préfèrent mettre en lumière « les solutions du GIEC » pour réduire un peu notre niveau d’éco-anxiété.

Parlons du département des Deux-Sèvres et de la méga-bassine de Sainte-Soline, qui a alimenté le robinet des chaînes d’info durant tout le week-end. Grandes comme plusieurs terrains de football, ces retenues d’eau artificialisent les champs. Elles sont construites par de riches propriétaires agricoles pour leur permettre d’arroser leurs cultures l’été prochain. Sauf qu’ils puisent « leur » eau dans les nappes phréatiques souterraines, que les autres agriculteurs de la région et les écologistes considèrent comme un bien commun.

Comment ne pas imaginer l’affrontement ? Pourquoi avoir placé les forces de l’ordre d’emblée dans le camp de l’agriculture productiviste, encore une fois (nous le rappelions dans cette émission) systématiquement contre les combats écologistes ? Après le passage en force du 49.3 sur les retraites, voici un autre passage en force « à l’assaut » de l’expression de la colère démocratique. Environnement et Gouvernance ? Les deux combats sont liés. Il est grand temps de changer de méthode.

Aujourd’hui la France a soif. Demain, elle aura faim. Le Social est donc aussi de la partie. Avez-vous vu ces agriculteurs bio, convertis récemment, qui finissent par y renoncer faute de consommateurs suffisants ? Oui, le bio est meilleur pour la santé, mais le bio est plus cher. En période d’inflation, de crise, de grèves… les consommateurs n’en peuvent plus. La pauvreté s’accroît. Écologie et Social, même combat.

Dans le même temps, des vols de nourriture sont observés dans les grands magasins en France comme partout en Europe, indique le journal Le Monde. Nos Restos du Cœur, qui organisaient début mars leur collecte nationale, voient les dons diminuent tandis que leur fréquentation s’accroît. En urgence, ils n’ont d’autre choix que d’organiser des collectes locales complémentaires encore en cette fin mars, pour répondre à la demande.

Climat (E). Pauvreté (S). Démocratie(G).
La planète est en état d’alerte. La France aussi.


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