C’est une chute de dons dramatique, qui met en péril nos épiceries solidaires : en 2023, le réseau Andès a constaté une diminution de 29% des dons d’invendus effectués par les grandes surfaces. Cette chute soudaine met en péril l’équilibre financier des épiceries solidaires, simultanément confrontées à une hausse du nombre de bénéficiaires et à une inflation galopante, souligne l’Association nationale des épiceries solidaires (Andès).
Les épiceries solidaires, qui permettent à plus de 230 000 personnes en situation précaire de s’approvisionner en produits alimentaires ou d’hygiène contre une faible participation financière, ont en effet vu la part des dons des grandes surfaces tomber à 22% du total de leurs approvisionnements, contre 35% en 2022.
En outre, cette diminution quantitative s’accompagne d’une dégradation qualitative : les produits reçus sont souvent de moins bonne qualité, moins frais et plus transformés, ne répondant pas aux attentes des bénéficiaires. En conséquence, les épiceries solidaires vont devoir acheter davantage de produits pour les redistribuer aux plus précaires, fragilisant un peu plus leur modèle économique.
Une crise qui s’étend à de nouvelles populations
Cette situation est d’autant plus préoccupante que la précarité alimentaire touche désormais 16% des Français, selon le Credoc. Avec une incidence particulièrement élevée chez les femmes, les jeunes, les retraités à faible revenu, ainsi que les travailleurs modestes. Le phénomène de la précarité alimentaire, amplifié par la crise du Covid-19, s’étend désormais également aux classes moyennes inférieures.
En conséquence, les épiceries solidaires du réseau Andès ont vu leur nombre de bénéficiaires augmenter de 31% entre 2021 et 2023. Familles monoparentales, étudiants et travailleurs précaires… habituellement éloignés des circuits d’aide alimentaire, se tournent de plus en plus vers ces structures de solidarité locale.
L’urgence de nouvelles collaborations
Cette situation alarmante oblige les épiceries solidaires à revoir leur modèle de fonctionnement. Selon l’Andès, il est crucial de séparer les enjeux de la lutte contre le gaspillage alimentaire de ceux de la lutte contre la précarité alimentaire. En effet, bien que la baisse des invendus soit une avancée dans la lutte contre le gaspillage, elle ne doit pas se faire au détriment des personnes en situation de précarité.
Pour pallier cette baisse des dons, Andès appelle à de nouvelles formes de collaboration avec la grande distribution. Parmi les solutions envisagées, la mise en place de collectes en magasin, avec un abondement de la part des enseignes. Ou encore, des offres d’achat à tarifs préférentiels pour les épiceries solidaires, qui pourraient contribuer à maintenir un approvisionnement adéquat.
Une nouvelle signature : « Nourrir la solidarité »
Dans ce contexte de crise, Andès renouvelle son engagement envers la lutte contre la précarité alimentaire en adoptant une nouvelle identité visuelle et une signature de marque : « NOURRIR LA SOLIDARITÉ ». Cette initiative vise à mieux refléter leur engagement pour une alimentation de qualité, variée et choisie, permettant ainsi aux personnes fragilisées de retrouver confiance en elles et d’améliorer leur situation.
Le réseau Andès, qui appartient au Groupe SOS, fédère plus de 600 épiceries solidaires en France et joue un rôle essentiel en offrant à chacun non seulement une aide alimentaire, mais aussi un point d’accueil pour se ressourcer et un accompagnement social pour se reconstruire. Cependant, pour leur permettre de continuer à remplir cette mission, une réponse collective et coordonnée est nécessaire afin de faire face aux défis posés par la diminution des dons des grandes surfaces.