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MEDIATICO – L’ACTU

Répression des militants écologistes : verdict attendu mi-mai pour les « 8 d’Arkema »

Huit militants écologistes risquent aujourd’hui de quatre à six mois de prison avec sursis pour avoir accroché une banderole sur le site industriel d’Arkema à Pierre-Bénite, au sud de Lyon. Ce procès en appel, qui s’est tenu le 11 février, met en lumière une répression jugée disproportionnée par les accusés et leurs soutiens. Dont plusieurs jeunes ingénieurs qui avaient lancé en mai 2022, avec éclat, un appel à déserter lors de la remise des diplômes d’AgroParisTech. 

Le 4 mars 2024, quatre cents personnes, mobilisées par Extinction Rebellion et Youth for Climate, s’étaient donc rassemblées devant l’usine d’Arkema pour dénoncer la pollution aux PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées), des polluants éternels rejetés dans le Rhône par l’entreprise. Huit personnes ont été arrêtées, dont cinq pour avoir accroché une banderole. 

Les accusations initiales de dégradation ont été abandonnées, mais le procureur a requis une peine de prison avec sursis pour « regroupement en vue de commettre des dégradations ».

Les militants dénoncent une répression disproportionnée : interpellations violentes, gardes à vue prolongées, et accusations mensongères. Le procureur a admis l’absence de dégradations mais a maintenu des accusations basées sur des intentions supposées. Les avocats des prévenus ont plaidé la relaxe, soulignant le vide du dossier et la légitimité de la mobilisation.

Un scandale sanitaire, un procès politique

Arkema est accusée d’avoir rejeté des tonnes de PFAS dans le Rhône, empoisonnant des centaines de milliers de personnes. Ces substances, connues pour leur toxicité depuis les années 70, provoquent cancers, maladies de la thyroïde, et problèmes de fertilité. L’État, informé depuis 2010, n’a pris aucune mesure significative contre la multinationale.

Le procès a mis en lumière la criminalisation des militants écologistes en France. Un rapporteur des Nations Unies a récemment pointé du doigt la France pour sa répression des militants écologistes. Les avocats des prévenus ont rappelé que cette affaire représente un danger pour les libertés de manifestation et d’expression politique.

La mobilisation du 4 mars 2024 n’était pas un acte isolé. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large de prise de conscience environnementale et de lutte contre les pollutions industrielles. Les citoyens, de plus en plus informés et engagés, exigent des actions concrètes pour protéger leur santé et celle des générations futures. Les militants écologistes jouent un rôle crucial dans cette dynamique, en alertant l’opinion publique et en poussant les autorités à agir.

Verdict attendu le 15 mai

Lors du procès, plusieurs figures politiques et locales ont témoigné en faveur des accusés. Une députée, deux riverains et un ancien salarié d’Arkema ont mis en lumière les conséquences dramatiques de la pollution aux PFAS. La métropole de Lyon a également apporté son soutien, soulignant l’importance de la mobilisation citoyenne face à l’inaction de l’État.

Le procureur a également demandé la condamnation de l’un des prévenus pour « rébellion », sur la base d’un témoignage policier contesté. Le téléphone ayant filmé la scène a été détruit en garde à vue, empêchant toute vérification des faits. Cette dissimulation de preuves a été vivement critiquée par les avocats des prévenus, qui dénoncent une inversion des rôles entre victimes et accusés.

Le verdict sera rendu le 15 mai. Les militants et leurs soutiens espèrent une relaxe, symbole de la reconnaissance de la légitimité de leur combat contre les polluants éternels et pour la justice environnementale. 

Un procès qui illustre les défis auxquels sont désormais confrontés les militants écologistes en France et qui soulève des questions cruciales sur la liberté d’expression, la responsabilité des entreprises polluantes, et le rôle de l’État dans la protection de l’environnement et de la santé publique.

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