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Olivia Grégoire : ses trois priorités pour l’économie sociale et solidaire

Un auditoire presque conquis d’avance, des retrouvailles chaleureuses et toujours le même franc-parler : l’intervention d’Olivia Grégoire, lors de la conférence de rentrée d’ESS France, ce lundi 11 septembre, a été l’occasion pour la ministre de vérifier le niveau de sa popularité auprès des grandes familles de l’économie sociale et solidaire. Du milieu associatif au mouvement mutualiste, de la finance solidaire au monde coopératif, les applaudissements furent nourris.

Il faut dire qu’entre juillet 2020 et mai 2022, sa défense très affirmée de l’ESS à Bercy en plein Covid, ses initiatives en faveur de la relance des PTCE et des contrats à impact, ou encore sa capacité à mobiliser les ministres de l’ESS européens sous présidence française de l’UE, avaient été très bien perçues par les acteurs du secteur. Aujourd’hui, la relation de confiance est intacte.

Son intervention, pourtant, démarre comme un mot d’excuse parfaitement assumé. « Plus important que les titres ministériels, ce qui compte ce sont les décrets d’attribution qui me donnent toute latitude pour vous accompagner ». Nommée ministre déléguée aux PME, au Commerce, à l’Artisanat et au Tourisme en juillet 2022, elle vient en effet de récupérer l’économie sociale et solidaire dans ses attributions en juillet 2023, lors de la formation du gouvernement d’Elisabeth Borne III (lire notre édito). Mais son intitulé ministériel n’en dit rien, ce qui en a froissé quelques uns.

Alors elle dit sa joie de retrouver le périmètre de l’ESS, « cette économie inspirante, ces femmes et ces hommes avec qui j’ai eu énormément de plaisir à travailler. L’ESS est une économie que j’ai appris à connaître, à aimer, à respecter. Quand le Président de la République et la Première ministre m’ont proposé de retrouver le secteur, j’ai répondu trois fois oui ». Très bien, mais pour quoi faire ? La réponse n’a pas tardé.

« L’ESS, un rôle pivot pour inspirer le reste de l’économie » 

« Je trouve réjouissant de voir ce que l’on va pouvoir faire ensemble avec le retour de l’ESS à Bercy. J’ai tout de suite vu le nombre de ponts que l’on va pouvoir bâtir entre l’ESS et le commerce, entre le tourisme et le tourisme social, entre les consommateurs et la consommation responsable. Dans mon portefeuille, l’ESS est un élément qui relie tous les autres. Il y a aujourd’hui des mutations dans la consommation, le rapport au travail, les attentes de nos concitoyens. L’ESS doit jouer un rôle pivot pour inspirer le reste de l’économie ». 

Sa feuille de route n’est pas encore prête, elle le sera « en octobre » assure-t-elle. Mais plusieurs axes de travail se dessinent déjà. Développer ce rôle pivot de l’ESS pour toute l’économie nécessite une excellente coordination technique, des compétences juridiques et un savoir-faire politique certains. Dire cela, c’est sans doute déjà brosser le profil du prochain Haut-Commissaire à l’ESS que le secteur attend… et dont elle n’a pas parlé ce lundi.

Olivia Grégoire a aussi redit sa volonté de développer les contrats à impact, quitte à brusquer quelques esprits : « Je veux massifier les contrats à impact. Cela suscitera des débats, il faudra s’en parler ». Car selon elle, si l’ESS doit inspirer le reste de l’économie, l’inverse est parfois vrai : « l’ESS aurait aussi intérêt à adhérer à certains principes de l’économie traditionnelle ».

De fait, les contrats à impact sont des partenariats financiers publics-privés, qui consistent à faire financer par le privé des projets d’intérêt général, qui seront ensuite remboursés par de l’argent public – avec intérêts – si les objectifs sociaux sont atteints. Certains voient là le loup (privé) entrer dans la bergerie (publique). D’autres considèrent que les entreprises prennent ainsi leur part de risque et contribuent ainsi à investir dans l’intérêt général. Voilà qui nous promet de beaux débats.

La relance des PTCE est prévue « en octobre » 

Enfin, « il faut plus de moyens et d’ambitions pour les territoires », affirme la ministre, érigeant les territoires comme troisième priorité dans son action pour l’économie sociale et solidaire. Elle regrette par exemple qu’il n’y ait pas « dans chaque préfecture de France » un correspondant ESS « qui ne doit faire que ça » – l’ancien Haut-Commissaire Christophe Itier le disait aussi. 

Après l’initiative de sa prédécesseure Marlène Schiappa, elle observe également que porter l’ambition de l’ESS à l’ONU est sans doute intéressant, « mais je vois aussi les réalités locales de l’ESS et vous me trouverez davantage sur les territoires que sur les enjeux à long terme ou à très large échelle. Il faut d’abord voir comment on peut financer l’innovation sociale et partager les bonnes pratiques de l’ESS ». 

A court terme, surtout, Olivia Grégoire prépare des annonces « dès octobre » sur les Pôles Territoriaux de Coopération Économiques. Ces PTCE consistent à faire coopérer des entreprises d’une même territoire pour y créer plus de valeur économique, sociale et territoriale. Marlène Schiappa avait lancé en juin dernier un nouvel appel à manifestation d’intérêt, doté de 1,5 million d’euros, pour soutenir le développement de nouveaux PTCE aux côtés des 140 PTCE existants. 

Nul doute qu’Olivia Grégoire, qui avait la première pris l’initiative du développement des PTCE voilà deux ans en commandant un rapport sur le sujet au Labo de l’ESS, devrait manifester une ambition plus forte.

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