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Au Mali, la SIDI aide le réseau mutualiste Nyèsigiso à  poursuivre son action

Le réseau mutualiste Nyèsigiso basé au Mali pratique la micro-finance dans les zones rurales, à destination des populations les plus pauvres. Fragilisé par une importante perte en capital, il a obtenu deux fois le soutien de la SIDI (Solidarité Internationale pour le Développement et l’Investissement), en 2020 et 2021, pour se recapitaliser et pour se relancer.


Dix ans de guerre au Mali n’ont pas laissé Nyèsigiso indemne. Né en 1990, ce réseau mutualiste de caisses d’épargne et de crédit a notamment dû fermer les portes de sa caisse coopérative à Diré, au nord du pays. Un coup dur pour les bénéficiaires. Principalement situé en zone rurale, le réseau travaille en effet à destination des personnes les plus pauvres, principalement des agriculteurs et des agricultrices.

Composé de 15 caisses, 58 agences et 10 guichets à travers le pays, Nyèsigiso, la « maison de la prévoyance » en Bambara, est donc un acteur structurant pour l’économie malienne. La mise à mal de ses finances l’a poussé à chercher des solutions pour lui permettre de préserver sa mission. C’est dans ce cadre que le réseau mutualiste a fait appel à la SIDI(Solidarité Internationale pour le Développement et l’Investissement).

Créé par l’ONG CCFD-Terre solidaire, la SIDI est une institution française de finance solidaire qui accorde des prêts ou prend des parts au capital de structures qui partagent ses valeurs. A visée exclusivement internationale, la SIDI prête de l’argent sans demander de garanties, donc avec un risque de pertes élevé. Un pari risqué, mais essentiel : c’est en accordant un premier prêt à Nyèsigiso en 2020, alors même qu’il était décapitalisé, que la SIDI a contribué à redresser ce réseau mutualiste malien.

« Notre intervention a permis de créer un effet levier », explique Jean-Baptiste Cousin, chargé de partenariat à la SIDI. L’engagement de la SIDI a fait renaître la confiance chez d’autres bailleurs internationaux et « Nyèsigiso a pu lever dix fois le montant prêté par la SIDI ». Le réseau mutualiste a ensuite terminé l’année avec un « profit de 285 millions de CFA (plus de 435.000 €) », et il a redressé ses fonds propres à hauteur de 7,19% de son capital.

Un ancrage local fort

C’est l’ancrage local, très fort, du réseau mutualiste qui a convaincu la SIDI d’investir. Dans une étude menée en 2022, le cabinet 60 Décibels qui mesure l’impact des entreprises avait relevé que 91% des personnes interrogées affirmaient avoir amélioré leur qualité de vie grâce à Nyèsigiso. L’étude montre aussi que près de 9 clients sur 10 n’avaient jamais pu accéder auparavant à un service tel que celui du réseau mutualiste.

Enfin, alors que « 60% de ses membres vivent en milieu rural, souvent avec une activité agricole », l’étude montre que la plupart des clients qui ont recours aux prêts de Nyèsigiso utilisent l’argent pour des dépenses professionnelles, majoritairement dans le domaine agricole : «71% pour des intrants agricoles, 22% pour de la main d’œuvre », précise Jean-Baptiste Cousin.

Au quotidien, Nyèsigiso impacte donc très fortement la qualité de vie des clients : 47% déclarent une amélioration de leurs revenus, 26 % une amélioration de leur production agricole et 88% indiquent qu’ils ont amélioré leur capacité à planifier leurs finances.

Pérenniser Nyèsigiso

Pour poursuivre cette « belle histoire », Nyèsigiso a demandé et obtenu en 2021 un deuxième prêt de la SIDI. En effet, un réseau coopératif doit parvenir à détenir 15% de son capital en fonds propre, ce qui n’était pas le cas. « Ils ont beaucoup de membres, mais ce sont des personnes plutôt pauvres qui ne sont pas en mesure d’apporter beaucoup d’argent en capital », détaille Jean-Baptiste Cousin. Et si Nyèsigiso obligeait ses membres à prendre des parts sociales à un prix plus élevé, le risque serait de ne se consacrer qu’aux classes moyennes, donc de perdre son public cible.

« Nous avons fait un prêt subordonné, ce qui est du quasi-capital : cela permet de faire un prêt à long terme que les autorités bancaires de la zone locale considèrent précisément comme du capital », poursuit-il. Mieux, ce type de prêt agit comme une garantie auprès des autres investisseurs, car là aussi le risque est très important : si la structure s’effondre économiquement, la SIDI serait la dernière à récupérer son argent !

Après ce deuxième prêt, il n’est donc pas étonnant qu’un deuxième effet levier ait été constaté par la SIDI. « Pour l’instant, nous avons prêté l’équivalent de 500.000 euros » à l’organisme malien, indique Jean-Baptiste Cousin. Le premier prêt s’étale sur trois ans, avec un an de période de grâce, et le deuxième sur cinq ans avec deux ans de période de grâce. Des conditions extrêmement favorables pour Nyèsigiso.

Pour la SIDI, le risque reste entier, mais il est assumé. Et pour l’instant, tout se passe bien. Le chargé de partenariat se félicite de cette coopération réussie et de la confiance accordée à Nyésigiso. Car le réseau mutualiste malien touche pas moins de 250.000 personnes au Mali. Et son fonctionnement de réseau mutualiste, qui élit des représentants locaux pour prendre les décisions communes, permet de faire entrer des gens éloignés des instances de gouvernance dans différentes strates de la structure : « Nyèsigiso, c’est aussi une école de la citoyenneté », conclut-il. 

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