3 questions à Benoît Varin,
président de RCube, la fédération du réemploi et de la réparation
Le projet de loi Economie circulaire répond-il aux attentes de RCbube ?
Nous avons été entendus plusieurs fois par le Sénat et par le gouvernement. C’est un progrès majeur que d’avancer sur la durée de vie des produits et de créer des filières industrielles. Mais nous attendons de voir comment le projet de loi sera transposé en termes opérationnels. Sur l’interdiction de détruire les invendus, par exemple, le texte laisse la possibilité de recycler, donc de détruire les invendus. La fédération RCube veut faire retirer le terme “recycler” du projet de loi, ou bien imposer le respect de la hiérarchie de la gestion des déchets en faisant passer la seconde vie des objets avant leur recyclage. Le recyclage, c’est la destruction de l’intégrité des produits. Et c’est un gaspillage monumental.
Quels financements sont prévus pour les filières de réemploi ?
Le projet de loi prévoit la création d’un fonds de réparation, qui pourrait être alimenté par une éco-contribution de 5%. Mais nous ne savons pas à qui sera attribué ce financement, ni qui l’attribuera. Ce fonds ne doit pas remplacer les financement déjà existants pour les associations d’insertion. Il doit au contraire drainer des financements complémentaires pour créer de vraies filières techniques, des emplois, des écoles de formation et des techniciens diplômés à la sortie. Nous devons passer des emplois d’insertion dans l’ESS à une vraie dynamique de formation aux métiers techniques du réemploi.
Le député François-Michel Lambert, président de l’Institut national de l’économie circulaire, regrette un projet de loi de réparation, et non d’anticipation : a-t-il raison ?
C’est vrai, l’économie circulaire se construit en amont. Nous avons travaillé sur un indice de réparabilité des produits et nous avons convenu que les produits devaient être réparables « à un prix acceptable ». Nous devons donc travailler avec les producteurs, en amont, pour connaître le prix des futures pièces détachées, les bonnes pratiques de réparation, mais aussi les expériences utilisateurs. C’est comme cela que nous constituerons de vraies filières incluant producteurs et réemployeurs et que nous construirons une véritable économie circulaire et de la fonctionnalité. Cette loi Economie circulaire, c’est une opportunité pour notre société de changer de mode de fonctionnement. Nous n’avons pas besoin d’homéopathie, ni quelques changements dans la continuité. Nous avons besoin d’un vrai tournant industriel.