ESS ON AIR

Budget 2026 : Les tiers-lieux en colère face à un budget “sacrifié”

C’est un coup de massue pour les 3.500 tiers-lieux recensés en France. Le projet de loi de finances 2026 prévoit de diviser par vingt le budget consacré à leur développement : 0,7 million d’euros seulement, contre 8 millions en 2025, et 13 millions en 2024. Une réduction drastique que les acteurs du terrain jugent “incompréhensible et dévastatrice”.

Invité de l’émission ESS On Air sur Mediatico (vidéo intégrale ci-dessous), Aurélien Denaes, co-président de l’Association nationale des tiers-lieux (ANTL), revient sur cette menace budgétaire. Il évoque une “gifle” et d’une “insulte” pour les acteurs de terrain et il alerte sur les lourdes conséquences d’une baisse historique des crédits de l’État dédiés aux tiers-lieux. 

Coordinateur du réseau francilien A+ C’est Mieux, ancien co-directeur du tiers-lieu La Tréso à Malakoff et administrateur de l’Association nationale des tiers-lieux, il multiplie les casquettes, mais aussi les alertes.

Un désengagement brutal de l’État

Cette baisse de 95 % des crédits représente “une insulte pour les 30.000 emplois, 50.000 structures hébergées et 380.000 bénévoles engagés” dans ces espaces hybrides d’innovation sociale et territoriale, estime-t-il, alors que l’examen du projet de loi de finances 2026 va reprendre dans quelques jours à l’Assemblée nationale.

Selon lui, cette coupe budgétaire serait d’autant plus incompréhensible qu’elle met en péril une politique publique pourtant saluée par 75 % des élus locaux, selon le dernier baromètre des tiers-lieux. “C’est une décision qui fragilise les dynamiques locales, alors même que les tiers-lieux participent à la relocalisation de l’économie, à l’inclusion numérique et à la cohésion sociale”, explique Aurélien Denaes.

Des solutions collectives en gestation

Dans notre séquence “La Boîte à solutions”, le responsable associatif francilien met en avant la nécessité d’organisation des réseaux régionaux, dont certains mutualisent déjà des compétences et des ressources pour continuer à exister. Il faut aller plus loin, certes.

Mais pour lui, le soutien national reste indispensable. “Les tiers-lieux ne sont pas des start-up. Ce sont des biens communs territoriaux, utiles à tous : habitants, collectivités, entreprises de l’ESS. On ne peut pas leur demander de se substituer à la puissance publique”, plaide-t-il.

Un appel à la mobilisation transpartisane

Comme elle l’avait fait l’an dernier pour la préparation du budget 2025, l’Association nationale des tiers-lieux en appelle à nouveau cette année à un sursaut du Parlement, pour rétablir cette fois au moins 13 millions d’euros de crédits. 

Plusieurs députés et sénateurs avaient déjà voté un amendement transpartisan en ce sens l’an dernier. “Nous espérons que les parlementaires comprendront que ce n’est pas un budget de confort, mais un budget de survie pour nos territoires”, insiste Aurélien Denaes.

Et demain ?

Dans notre séquence “Face à face”, il s’adresse tour à tour à Françoise Gatel, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, mais aussi au spationaute Thomas Pesquet, en réponse à notre question : “Quel lien faites-vous entre la conquête spatiale et celle… des territoires ?”

Enfin, dans la séquence finale de l’émission, “Le monde de demain”, Aurélien Denaes esquisse une vision résolument optimiste de l’avenir des tiers-lieux : “communs, résilience et coopération”. Trois mots pour rappeler que l’enjeu dépasse le simple financement : il s’agit de préserver un modèle citoyen et solidaire, au service du lien social.

L’intégralité de l’interview d’Aurélien Denaes est à retrouver dans l’émission ESS On Air, sur Mediatico.fr et sur nos réseaux sociaux :

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