ACTU

Culture sous tension : le prix des festivals flambe, les associations trinquent

Les Vieilles Charrues, Solidays, les Eurockéennes, les Déferlantes… L’été 2025 bat son plein au rythme des grands festivals de musique. Mais derrière les sourires du public et les scènes illuminées, un malaise grandit. « La culture devient un produit de luxe », alerte Jérôme Tréhorel, directeur du festival breton des Vieilles Charrues, sur France Inter.

Alors que les billets pour certains concerts atteignent 150, 200 voire 300 euros, « l’accessibilité culturelle est en péril ». Et pendant que les têtes d’affiche s’arrachent à prix d’or, le secteur culturel associatif, lui, lutte pour sa survie.

Le budget artistique a triplé en quinze ans

« Voir que les concerts deviennent un luxe, c’est indécent », s’indigne Jérôme Tréhorel. Depuis plusieurs années, les cachets explosent, y compris pour les artistes émergents. Résultat : les prix des billets s’envolent, poussés par une surenchère spéculative dans un marché saturé. « Il y a plus de tournées, plus de festivals, mais pas plus de public », résume-t-il.

La production, elle aussi, subit de plein fouet l’inflation : transport, montage, sécurité, logistique… tout coûte plus cher. « On paye aujourd’hui plus pour transporter une scène que pour la monter », lâche-t-il, en comparant un budget artistique qui a triplé depuis 2010.

Les subventions pour les associations culturelles fondent

Dans le même temps, les associations culturelles locales et les petites structures subventionnées ploient sous une autre pression : celle des coupes budgétaires, à la fois locales, régionales et nationales. Moins visibles, plus enracinées dans les territoires, elles forment pourtant le socle d’un accès démocratique à la culture : spectacles vivants à bas prix, médiation culturelle, inclusion des publics éloignés, actions éducatives… Mais ces structures voient leurs subventions fondre, leurs appels à projets se raréfier, et peinent à maintenir une programmation régulière ou à payer leurs équipes.

Ce paradoxe devient criant : la culture populaire subventionnée s’appauvrit, tandis que la culture marchande élitiste s’enrichit. Les festivals à vocation inclusive comme les Vieilles Charrues résistent en maintenant des prix abordables (50 à 60 € la journée), mais ils sont de plus en plus rares à pouvoir le faire. Et pendant que les grandes scènes engrangent des millions, les petites salles ferment, les compagnies annulent, et les centres culturels associatifs tirent la sonnette d’alarme.

Les pouvoirs publics doivent réinvestir le champ culturel associatif

Une société démocratique peut-elle se permettre de faire de la culture un luxe ? À l’heure où la crise écologique, sociale et politique appelle plus que jamais à retisser du lien et du sens, la culture devrait être considérée comme un bien commun. Il devient urgent que les pouvoirs publics réinvestissent massivement dans le secteur culturel associatif, au lieu de le marginaliser.

Car entre la flambée des cachets des artistes stars et l’asphyxie des acteurs locaux, c’est toute une vision de la culture – ouverte, accessible, partagée – qui est en train de vaciller.

Partagez cet article :