À 130 jours de l’élection présidentielle, l’économie sociale et solidaire veut se faire entendre dans le débat politique. Un plaidoyer pour une « République sociale et solidaire », qui égrène sa raison d’être et surtout ses « raisons d’agir », vient d’être publié, à l’attention des citoyens comme des candidats, à l’issue du Congrès de l’ESS qui s’est tenu ce vendredi 10 décembre. Une date à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de l’économie sociale et solidaire, dix ans après les États généraux de l’ESS et quarante ans après la première reconnaissance de l’économie sociale dans un gouvernement.
Les participants ont tôt fait d’aborder les enjeux politiques durant les ateliers. Marie Leclerc-Bruant, Responsable du marché Économie Sociale au Groupe Caisse d’Épargne, insiste sur l’indissociabilité de l’enjeu social et de l’enjeu environnemental. Cécile Leclair, Directrice Générale de l’Avise, souligne la nécessité de construire des écosystèmes territoriaux de l’ESS pour l’aider à se développer. Annick Valette, vice-présidente de MAIF, estime essentiel de faire entrer l’ESS à l’école à l’heure où la montée des extrémismes inquiète, pour former à l’ESS et par l’ESS les citoyens de demain. Nous sommes bien sur le terrain politique.
La gouvernance économique également est au cœur des débats. « Les salariés que nous accompagnons représentent la valeur essentielle de l’entreprise, sa valeur de production », entame Laurent Pinet, président de Coorace. Pour Pascal Michard, président d’AÉMA Groupe, « on peut réconcilier l’entreprise avec les intérêts de la société, mais il faut pour cela faire entrer la société dans la gouvernance de l’entreprise ». Quant aux achats publics, qui représentent 3 milliards d’euros à Paris, dit Florentin Létissier, adjoint à la Maire de Paris, « ils sont un levier très fort pour développer l’ESS, mais les acteurs de l’ESS sont attachés à leur autonomie : il nous faut donc une relation et un reporting basés sur le dialogue et la confiance ».
Passionnant fut aussi le thème des « nouveaux horizons de l’ESS ». Pour le président de la commission ESS chez Aésio Mutuelle, Denis Philippe, « le terme ‘ESSisation’, porte un message : dans l’ESS nous devons dépasser les frontières, identifier de nouveaux secteurs où nous implanter. Il nous faut de l’audace ». Aussitôt, Pierre-René Lemas, président de France Active, renchérit : « Nous avons démontré l’excellence dans la santé, l’insertion, l’emploi, le recyclage, les déchets, l’économie circulaire… Mais aucun secteur ne nous est étranger, la vocation de l’ESS peut concerner l’ensemble de l’économie ». Caroline Neyron, directrice générale d’Impact France, va plus loin : « Une nouvelle génération d’entrepreneurs s’engage avec des modèles radicalement différents dans la consommation, le textile, la cosmétique ou dans le bio qualitatif. Ils ne désirent pas appartenir à l’ESS, ils veulent juste des engagements structurants. Cela nous oblige à les accompagner sur la mesure de leur impact social et écologique ».
Ainsi donc le caractère politique, social, entrepreneurial et écologique de l’ESS a-t-il été abordé en détails lors de ce Congrès de l’ESS. La Secrétaire d’État à l’ESS et à l’économie responsable, Olivia Grégoire, conclut en vidéo : « Entreprendre dans l’ESS est une forme d’action politique, vous avez choisi de porter un projet de société. Partout où il est urgent de refaire société, cela passe par refaire l’économie. Cette économie citoyenne que j’appelle de mes vœux, c’est s’assurer que l’économie joue avec les mêmes règles que la République ».
« L’ESS est au cœur du contrat social et de l’engagement républicain », affirme en écho la déclaration d’engagement à l’issue de ce congrès piloté par ESS France. Rappelant que c’est l’engagement collectif qui transcende les choix de politiques publiques, affirmant que l’ESS est engagée pour la citoyenneté économique et sociale, qualifiant l’économie sociale et solidaire d’authentique économie populaire, les signataires déclarent que « l’ESS ne s’érige pas en contre-société », mais « assume sa place au sein de la vie politique, économique et sociale du pays et des enjeux que nous devons relever collectivement ».
Et Jérôme Saddier, président d’ESS France, de conclure : « Appartenir à l’ESS, c’est nécessairement exercer une pression critique sur la société, sans quoi nous n’existerions pas (…) Nous adressons cette déclaration aux candidats à l’élection présidentielle, pour leur dire que nous nous sentons responsables et acteurs de notre économie, de notre société, de notre pays, de notre République et de notre avenir commun ».
Avis aux candidats à l’élection présidentielle !
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