Le Sommet européen de l’économie sociale, organisé du 15 au 19 septembre dans la ville de Murcie, élue Capitale espagnole de l’économie sociale 2025. Visites apprenantes, comités stratégiques, Gala de remise des 3 prix européens de l’ESS… L’événement s’est conclu sur un engagement fort, celui d’assurer la continuité des politiques de l’Union européenne en faveur de l’économie sociale et inscrire ce modèle dans le futur cadre financier pluriannuel 2028-2034.
Avec plus de 650 participants, 100 intervenants internationaux et 200 organisations réunies, l’événement a marqué une étape majeure pour la reconnaissance de l’économie sociale comme pilier de la cohésion européenne. Des délégations gouvernementales de 27 pays, y compris la France, ainsi que des responsables nationaux et européens de premier plan, étaient présents pour réaffirmer la pertinence et l’avenir de ce modèle économique.
11 millions d’Européens travaillent dans l’ESS
Selon une étude d’Aésio mutuelle et d’ESS France, l’économie sociale et solidaire représente 8 % à 10 % du PIB européen, confirmant son poids économique significatif. Avec 4,3 millions d’entreprises et organisations, l’ESS emploie 11,5 millions de personnes, soit environ 6,3 % de la population active européenne, comme l’a également indiqué le CEPES lors du sommet espagnol.
Maravillas Abadía, coprésidente de l’intergroupe Économie sociale du Parlement européen, a insisté à Murcie sur le le chiffre d’affaires de plus de 1.000 milliards d’euros réalisé en Europe par l’ensemble de ces structures.
L’économie sociale au cœur de l’agenda européen
Roxana Mînzatu, vice-présidente de la Commission européenne en charge de l’emploi et des droits sociaux, a réaffirmé que l’économie sociale constitue « un élément essentiel du marché unique, et non un acteur secondaire ». Elle s’est engagée à renforcer le Plan d’action européen, à accroître la place de l’économie sociale dans les marchés publics et les réglementations sur les aides d’État, et à améliorer son accès au financement.
De son côté, Juan Antonio Pedreño, président de Social Economy Europe et du CEPES, a rappelé que « nous ne demandons pas de privilèges, nous demandons de la cohérence » en plaidant pour que les fonds européens soient orientés vers les modèles qui allient compétitivité, solidarité et emplois stables, ancrés localement. Un discours en parfait accord avec les revendications des grands réseaux français de l’ESS.
Plus incisive, Yolanda Díaz, vice-présidente du gouvernement espagnol, a appelé à placer l’économie sociale « au cœur des politiques publiques européennes », tandis que Fernando López Miras, président de la région de Murcie, a souligné que ce modèle « place l’individu avant la logique exclusive du profit immédiat ».
Réactivation du groupe de travail entre gouvernements
L’un des temps forts du Sommet a été la relance du Comité de suivi de la Déclaration de Luxembourg, réunissant 11 pays (Belgique, Bulgarie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pologne et République tchèque). Ce groupe de travail vise à défendre et promouvoir l’économie sociale au niveau européen, en renforçant son rôle dans les politiques communautaires et en facilitant sa croissance à l’échelle du continent.
Pour Roxana Mînzatu, l’objectif est clair : « L’économie sociale doit prendre une ampleur bien plus grande qu’elle ne l’est actuellement pour atteindre la valeur politique qu’elle mérite. »
L’ESS, un pilier économique et social de l’Europe
Présente dans tous les secteurs d’activité, l’ESS a été reconnue en 2021 comme l’un des 14 écosystèmes industriels contribuant à la relance économique et à l’autonomie de l’Union européenne. Ce mode d’entreprendre concret est aligné avec le Socle européen des droits sociaux, et son impact dépasse les simples indicateurs économiques grâce à son rôle dans la cohésion sociale, la création d’emplois stables et la promotion de valeurs durables.
À l’heure où l’Europe prépare son futur budget 2028-2034, ce sommet de Murcie a acté une orientation claire : l’économie sociale doit être reconnue comme un levier stratégique de résilience, d’innovation et de cohésion pour l’Union européenne.