Économie solidaire, post croissance, alter-capitalisme, capitalisme citoyen… Que de mots pour dire les dérives d’un système et les recherches d’alternatives. Le jeu politique invite certains à s’exprimer à quelques semaines de l’élection présidentielle. D’autres communiquent aujourd’hui pour appuyer des réflexions de longue date. D’autres encore prétextent de la pandémie pour défendre leurs combats. Et vous ? À quelle sauce assaisonnerez-vous 2022 ?
« Pour un autre modèle de croissance », interpelle Kanni Wignaraja, sous-secrétaire générale de l’ONU, dans cet article où elle commente le dernier rapport sur le développement humain du PNUD. Pour elle, « la pandémie de la Covid-19 illustre très bien l’immense pression que nos modèles de développement actuels exercent sur les écosystèmes locaux. Un pathogène d’une taille infime a révélé les immenses vulnérabilités et les grossières inégalités dans les sociétés les plus dynamiques et les plus prospères (…) Les mesures collectives nécessaires pour répondre à un tel défi sanitaire deviennent de plus en plus difficiles à prendre quand des divisions domestiques et des antagonismes internationaux l’emportent sur la solidarité mondiale ».
« Pour un capitalisme citoyen », clame pour sa part Olivia Grégoire, secrétaire d’État en charge de l’Économie sociale, solidaire et responsable, dans son livre de campagne préfacé par Emmanuel Macron. Un essai personnel où elle affirme que nous vivons collectivement un moment historique, qui nous offre l’opportunité unique de responsabiliser le capitalisme. Que l’État doit impérativement être partenaire de la transformation de l’économie. Et que si le capitalisme ne se transforme pas, notre société disparaîtra. Pour autant, elle conclut : « Éclairer l’économie, c’est montrer les chemins (…) Le « monde d’après » est sous nos yeux : il ne s’agit pas de le créer, mais de le faire voir ». Pour mieux embarquer les hésitants.
« Bienvenue dans l’ère de la post-croissance », invite la société de conseil Prophil dans sa dernière étude publiée fin 2021, avant-gardiste tout comme la précédente sur les fondations-actionnaires. La post-croissance ? C’est l’ambition pour une entreprise de « rendre ses activités pleinement soutenables sur les plans environnemental, social et économique », en reliant trois enjeux : le respect des limites planétaires, le respect des fondamentaux sociaux, la prospérité économique. A priori, rien de neuf sous le soleil de la RSE et des critères ESG. Sauf que les travaux de Prophil portent sur la vie concrète des entreprises, dans une vision très opérationnelle. Et cela change tout.
Mediatico a bien tenté de challenger la notion de « post-croissance » par d’autres concepts. Le capitalisme vert ? « Le but est de changer le rapport au profit », assure Geneviève Férone, associée chez Prophil. Les entreprises à mission ? « Le plus difficile n’est pas de changer les statuts, mais d’aligner le changement avec le modèle économique ». La comptabilité environnementale ? « C’est un bon cheval de Troie, mais elle n’a jamais changé le modèle économique d’une entreprise ». Ainsi donc, selon Prophil, pour transformer l’entreprise, il faudrait changer d’abord sa gouvernance. Puis son modèle économique. Puis ses conventions comptables. Voilà qui permettrait, espérons-le, de changer le système.
Et si 2022 ouvrait l’ère de la post-croissance ?