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OPINION. Et à la fin c’est la coopérative qui gagne ! Face à la fièvre des extrêmes, Eric Benzekri a fait, dans sa série, du modèle coopératif la voie à suivre pour continuer à vivre et à travailler ensemble. Par Maxime Baduel, Délégué Ministériel en charge de l’ESS, ancien dirigeant associatif et Jean-François Pascal, Adjoint du Délégué Ministériel en charge de l’ESS.

Cette tribune d’abord a été publiée le 09/07/2024 sur La Tribune.


Toute ressemblance avec la réalité n’est en rien fortuite.

L’Économie sociale et solidaire (« ESS ») se trouve aujourd’hui au centre de gravité politique de la nouvelle Assemblée nationale.

Face à la crise, la puissance de l'économie sociale et solidaire

Face à la crise, la puissance de l'économie sociale et solidaire

À travers sa recherche du bien commun et ses pratiques délibératives et coopératives, elle sera aussi un modèle pour le futur travail parlementaire en coalition.

Plus essentiellement encore, l’ESS est un levier majeur pour répondre aux enjeux d’une crise politique qui est tout autant économique, sociale que démocratique.

L’ESS est une puissance qui irrigue notre quotidien et notre vie : nous baignons dans l’économie sociale et solidaire, souvent sans le savoir.

L’ESS produit, fabrique, transforme et distribue : elle est dans les champs et élevages de nos agriculteurs, dans le contenu de nos assiettes, dans les paniers de nos courses,  dans les lunettes, les vêtements ou les sneakers que nous portons… mais aussi dans les matériaux de construction ou encore dans l’énergie que nous consommons.

L’ESS rend service : en accueillant nos enfants, en s’occupant de nos parents, en nous soignant, en donnant du sens à notre argent, en nous protégeant des accidents de la vie, en nous formant professionnellement, en nous permettant de pratiquer un sport ou d’assister à un spectacle, en réalisant nos petits et grands travaux, en nous recevant à l’hôtel ou au restaurant, en nous permettant de nous engager ou de donner pour les causes qui nous tiennent à cœur (mal-logement, aide alimentaire, égalité des chances…).

L’économie sociale et solidaire est une puissance qui pèse de tout son poids dans l’économie et la société : 10% du PIB, 155 000 entreprises employeuses, 2,6 millions de salariés, 22 millions de bénévoles.

Coopérative, mutuelle, association, fondation, entreprise sociale… toutes ces organisations, qui composent la grande famille de l’ESS, ont en commun d’être des entreprises rentables, mais dont les bénéfices sont majoritairement réinvestis dans la poursuite de leur activité et redistribués. Ces organisations partagent aussi le pouvoir à travers une gouvernance démocratique (« une personne, une voix ») ou participative. Elles défendent un intérêt collectif et portent presque toujours une utilité sociétale à travers des contributions positives, sociales (insertion ou accompagnement des personnes fragilisées) et environnementales (réemploi et réparation, économie circulaire).

Au moment où les fractures et les inégalités du pays se révèlent dans toute leur brutalité (le manque d’argent, d’accès à la santé, de transport, de liens et de solidarités), au moment où les sentiments d’abandon, d’injustice et de déclassement, de précarité et d’insécurité, nourrissent toutes les colères, les replis et les rejets, nous avons plus que jamais besoin de l’économie sociale et solidaire !

Parce que l’ESS construit ses activités économiques résilientes et ses emplois durables au cœur de nos territoires, avec tous ses acteurs et habitants.

Parce qu’elle répond à des besoins concrets d’alimentation, d’insertion, de santé, de logement, de mobilité, d’éducation, de culture par la coopération des personnes, par leur capacité à fabriquer ensemble des solutions et des innovations.

Parce qu’elle ne sépare pas la nécessaire transition environnementale de la justice sociale.

Parce qu’elle prend soin des vulnérabilités et qu’elle redonne du pouvoir d’agir et de vivre.

Parce qu’en partageant la gouvernance et la valeur au sein des entreprises, elle crée de la démocratie économique et pollinise d’ailleurs l’économie conventionnelle – de la responsabilité sociétale des entreprises à l’entreprise à mission.

L’ESS est à même de recoudre le tissu social, de rendre concrète une République du lien tout en favorisant l’émancipation de chacun.

Véritable économie politique, vecteur de transformation sociale, l’ESS doit être au cœur de la future politique gouvernementale et en devenir une des priorités ! C’est une puissance qui doit devenir un pouvoir.

D’autant que l’économie sociale et solidaire est une puissance capable de régénérer l’action publique et de faire de la politique autrement. Nous y sommes d’ailleurs contraints au regard du nouveau visage de l’Assemblée nationale.

Nous avons besoin d’horizontalité, de coopération et d’un rapport structurant au terrain et aux territoires. Afin de fabriquer au plus juste l’action publique, avec une attention toute particulière au premier et au dernier kilomètre.

Naturellement transpartisane, créatrice de consensus et démocratique par essence, dédiée au bien commun, positive et même joyeuse (comme le soulignerait Claude Alphandéry), l’ESS sera l’une des clés essentielles pour gouverner « autrement » et réunir des majorités de coalition ou de projets.

À travers le développement d’une économie au service du faire ensemble et du bien vivre partagé, l’ESS doit être au cœur d’un nouveau contrat social, économique et écologique !

Maxime Baduel et Jean-François Pascal

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