ESS ON AIR

François Dechy : « C’est quand on a le plus besoin de l’ESS que l’État réduit massivement son soutien »

Cette semaine dans ESS On Air, Mediatico reçoit François Dechy, maire de Romainville et nouveau président de l’Avise. Une conversation dense et vivante, pour parler des budgets consacrés à l’ESS, mais aussi d’innovation sociale, de coopérations territoriales… et des municipales 2026. Car l’ESS n’a pas fini de peser dans le débat public !

François Dechy ouvre notre émission avec la séquence « L’actu qui pique » : les coupes budgétaires fragilisent le monde associatif au moment où les besoins sociaux et écologiques explosent : « C’est quand on a le plus besoin de l’ESS que l’État réduit massivement son soutien », alerte-t-il. Le Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) perd près de 30 % de ses crédits, c’est une amputation qui pourrait priver des dizaines de milliers de structures d’un appui vital – a fortiori en temps de crise – pour maintenir leurs projets et leurs emplois. 

À Romainville, la municipalité a fait un choix inverse en sanctuarisant les budgets de l’ESS, en doublant les subventions, en créant une Maison des associations et en structurant un service de la vie associative pour encourager la coopération locale. Dans une ville qui compte près de 40 000 habitants et plus de 80 associations subventionnées, l’ESS n’est pas un supplément d’âme, mais un pilier politique.

L’Avise et ses missions concrètes

Interrogé sur son élection à la présidence de l’Avise, François Dechy décrit l’association comme un véritable bien commun de l’ESS, un outil national au service de l’innovation sociale. L’Avise vient notamment de publier « Financer son projet d’ESS », un guide pratique très attendu, et de mettre en place le Réseau national des incubateurs de l’ESS, tout juste rebaptisé sous ce nom après dix années d’existence et de partage d’expérience entre incubateurs. Il insiste sur la fonction stratégique de l’Avise, qui coordonne les acteurs, partage les bonnes pratiques et fait remonter les besoins des territoires auprès des décideurs publics et privés.

Dans le contexte actuel, la coopération entre acteurs devient un impératif. François Dechy aime rappeler que « la meilleure défense, c’est l’attaque », et c’est dans cet esprit qu’il travaille avec le Labo de l’ESS ou France Active. L’objectif est de consolider les écosystèmes locaux et d’essaimer dans des secteurs où l’ESS peut peser davantage : économie circulaire, petite enfance, grand âge, transition écologique, alimentation durable… Il défend l’idée que c’est en jouant collectif que l’ESS élargira son pouvoir d’agir et démontrera son utilité dans tous les territoires.

La question qui fâche

La question de ses nombreuses casquettes ne pouvait être évitée. Dans notre séquence « La question qui fâche », François Dechy assume sans détour ses fonctions de maire, président de l’Avise, administrateur au RTES, membre du Labo de l’ESS… Surmenage ? Entre-soi ? Pas du tout ! Pour lui, ces mandats se répondent et se complètent : agir localement, remonter les besoins nationalement et peser politiquement vont de pair, à condition de garder un ancrage territorial fort. C’est cet ancrage, affirme-t-il, qui permet de renouveler les politiques publiques et de redonner de la cohérence à l’action.

Trois photos viennent ensuite illustrer notre séquence « Face à Face ». 

  • À Rachida Dati, ministre de la Culture et candidate à la Mairie de Paris, il lui demande de défendre le Pass Culture, qu’il considère comme essentiel pour ouvrir des horizons aux jeunes. 
  • Devant la photo du Village du réemploi solidaire de Montreuil, il raconte les coopérations entre Romainville et Montreuil autour de l’économie circulaire et de l’insertion. 
  • Quant au portrait du chef cuisinier Thierry Marx, il lui permet de rappeler que la gastronomie peut être un formidable outil social, éducatif et écologique, capable de valoriser des métiers souvent invisibilisés. Rappelons que François Dechy avait été, dans une autre vie, fondateur du traiteur d’insertion Baluchon.

Les élections municipales à Romainville

Sera-t-il candidat à sa succession à Romainville, aux élections municipales de 2026 ? La question était obligatoire. François Dechy l’esquive habilement et réserve sa réponse pour les Romainvillois, a priori le 10 décembre. Mais il évite surtout tout commentaire personnel, préférant mettre en avant la dimension collective de son équipe. « Derrière un entrepreneur social, il y a un collectif. C’est lui qu’il faut mettre en avant », affirme-t-il. 

Il salue au passage le travail d’Alice Barbe et de son Académie des futurs leaders, qui forme une nouvelle génération de citoyens engagés, prêts à se lancer en politique. Pour lui, les listes citoyennes et l’engagement local constituent des réponses crédibles à la défiance envers les élus et peuvent contribuer à restaurer la valeur des corps intermédiaires.

Pour l’avenir, il résume sa vision en trois mots : résistance, conquête et coopération. Résistance, pour défendre les valeurs de solidarité mises sous tension. Conquête, pour investir les secteurs où l’ESS est attendue ou nécessaire. Coopération enfin, car aucun territoire, aucune structure ne pourra affronter seule les défis à venir.

Voir l’émission en intégralité :

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