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Gouvernance associative : l’IDAF explore les ressorts des binômes président-directeur réussis

Dans le monde associatif, la relation entre un président bénévole et un directeur salarié – ce sont le plus souvent des hommes – est le point névralgique du bon fonctionnement de la structure. Mais ce binôme indispensable est également fragile. 

C’est précisément ce lien, à la fois politique, stratégique et humain, que l’Institut des Dirigeants d’Associations et Fondations (IDAF) a mis en lumière lors de sa dernière soirée annuelle, en donnant la parole à deux duos président-directeur.

Dans une atmosphère conviviale, les témoignages ont alterné entre franchise, humour, et lucidité sur les tensions possibles. La consigne était claire : pour que les intervenants se sentent libres de parler à coeur ouvert, la presse a le droit de faire état des propos tenus, mais sans citer le nom des intervenants. Quoi qu’il ne soit, une conviction s’est imposée tout au long de la soirée : la relation entre président et directeur ne va jamais de soi. Elle se construit, s’entretient, s’ajuste.

La confiance dans le binôme agitateur-stabilisateur

Ce qui fait l’alchimie du binôme à la tête de l’association, c’est d’abord la vision identique sur la mission de l’association, les objectifs à atteindre et le chemin pour y parvenir. Un point clé à avoir clairement à l’esprit lorsque les associations recrutent sur un poste de direction générale. 

« Le premier élément de réussite, c’est l’alignement. Être sur la même longueur d’onde, dès le départ. Ce n’est pas suffisant, mais c’est indispensable. Ensuite, on ne fait jamais rien seuls. Et surtout, on essaie systématiquement d’impliquer les autres, de déléguer, pour que chacun puisse vraiment prendre sa place et ses responsabilités ».

Mais cela ne fait pas tout. L’alchimie relève aussi de l’informel, du non-dit, de l’imperceptible. Les intervenants, qui travaillent ensemble parfois depuis plus de vingt ans, le reconnaissent : au départ, le « coup de foudre » est un élément déterminant. 

Puis vient le sujet de la confiance, sans bornes et à double sens, que s’accorde le binôme. Enfin, ils mettent le doigt sur la complémentarité des rôles de chacun : le président est un agitateur, tandis que le directeur joue un rôle de stabilisateur. L’aiguillonneur d’un côté, toujours prompt à proposer de nouvelles idées, le modérateur de l’autre, rattrapé par le possible – ou non – imposé par sa responsabilité opérationnelle.

Mais si chacun campe sur son rôle sans dialoguer, rien ne fonctionne. « Il y a des moments où l’on a besoin de savoir que l’on peut appeler notre président pour désamorcer une tension ou valider un cap, c’est un binôme mais pas une délégation aveugle. » « Il faut accepter que les rôles se croisent parfois, ce n’est pas grave tant qu’on en parle et que l’on reste alignés. »

Une relation équilibrée est un apprentissage permanent

La soirée a permis de faire émerger une idée forte : cette relation n’est jamais figée. Elle évolue avec les personnes, les contextes, les cycles de vie de l’association. Et elle mérite d’être interrogée régulièrement. 

Pour cela, une pratique fait consensus : maintenir un dialogue régulier, même informel, pour éviter les crispations, ajuster les postures, au sein du binôme mais aussi avec l’ensemble de la gouvernance associative.

« Notre comité de direction, c’est une dizaine de personnes que l’on voit chaque semaine, parfois sur des sujets stratégiques : on passe alors trois heures à échanger. Nous avons aussi un comité plus large, composé d’une vingtaine de personnes, que l’on réunit chaque semaine pendant une heure pour partager l’information ». La gouvernance associative prend du temps !

Un autre : « Nous avons beaucoup de rituels internes. Des temps dédiés pour faire ensemble, pour créer un climat de confiance et de sécurité. C’est ce qui fait que les gens aiment venir travailler : la mission est belle, mais les conditions de travail aussi. Et même quand il y a des tensions ou des incompréhensions, on part toujours du principe que l’intention de l’autre est bonne. On prend le temps d’en parler. C’est ce qui nous soude. Et ça nous donne une force énorme en tant que collectif ».

La gouvernance comme enjeu stratégique

Au-delà de la qualité humaine du lien, c’est aussi la santé globale de l’association qui est en jeu. Une relation apaisée permet une gouvernance fluide, une équipe salariée sereine, des projets qui avancent plus vite. Et une attractivité certaine pour les futrs bénévoles : 

« Notre collectif repose aussi sur des valeurs communes. Ce ne sont pas juste nos valeurs à nous deux, ce sont celles de toutes celles et ceux qui nous rejoignent. Nous avons la chance d’attirer des gens qui sont alignés avec ce que l’on essaie de faire, qui nous demandent : “Comment je peux contribuer ?” Sans nul doute le fruit d’une gouvernance réussie.

En donnant à entendre ces paroles authentiques, l’IDAF a su mettre en lumière une réalité souvent laissée dans l’ombre : la relation président-directeur n’est pas qu’un sujet de gouvernance. C’est un levier stratégique, un pilier du projet associatif et un formidable espace de coopération humaine. De tels partages d’expérience permettent d’en prendre la mesure.

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