Déploiement international de l’économie sociale et solidaire, Acte 3 ! Après une première réunion de 23 ministres européens en charge de l’économie sociale en février à Bercy, lors du démarrage de la présidence française de l’Union européenne (lire notre édito), après la tenue à Strasbourg, début mai, de deux journées entièrement dédiées à l’économie sociale et solidaire en Europe (lire notre article), voici venu le troisième temps-fort de l’année consacré au développement international de l’économie sociale et solidaire, auquel ESS Forum International a largement contribué.
La Conférence internationale du Travail, autrement dit l’ONU, vient en effet de charger le prochain directeur général de l’OIT de préparer « une stratégie et un plan d’action sur le travail décent et l’économie sociale et solidaire » d’ici au mois de novembre 2022. On dira ce que l’on voudra de la lenteur des institutions internationales : cette fois, pas temps à perdre ! Mais qui sera le prochain directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), à qui incombera cette lourde tâche ?
Finalement, ce ne sera pas Muriel Pénicaud. L’ancienne DRH de Danone, également ex-ministre du Travail d’Emmanuel Macron, avait en effet postulé pour diriger l’OIT. Elle aurait aimé reproduire les faits d’armes de Christine Lagarde, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, qui avait pris la tête du FMI puis, désormais, celle de la BCE. Mais Muriel Pénicaud n’a pas été élue à l’OIT. L’Organisation Internationale lui a préféré Gilbert F. Houngbo, ancien Premier ministre du Togo.
Gilbert Houngbo sera donc le 11e directeur général de l’OIT et le premier Africain à occuper ce poste. Élu le 25 mars dernier, il prendra ses fonctions le 1er octobre 2022. C’est donc lui, avec son équipe, qui mettra en œuvre le plan d’action international sur « le travail décent et l’économie sociale et solidaire », selon l’intitulé du rapport présenté la semaine dernière (télécharger le rapport). Un rapport qui reconnaît expressément, à l’ONU, que l’économie sociale et solidaire est un moyen d’assurer le développement durable, la justice sociale, le travail décent, l’amélioration des niveaux de vie et la résilience face aux crises. Un rapport qui nomme aussi les défis et les pièges, comme les « pseudos-entités de l’économie sociale et solidaire », la « concurrence déloyale faite aux entreprises responsables », « la violation des droits des travailleurs » et la responsabilité des gouvernements sur ces sujets.
S’exprimant après son élection, Gilbert Houngbo avait déclaré : « Bien que mes origines soient africaines, ma perspective est mondiale (…) Je pense aux 4 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à la protection sociale, aux plus de 200 millions de femmes et d’hommes qui sont confrontés au chômage, aux 160 millions d’enfants qui travaillent. (…) Je pense aux femmes et aux hommes qui sont confrontés à la discrimination, à la violence et au harcèlement sur le lieu de travail et ailleurs. Ce sont là autant d’expressions d’une injustice sociale inacceptable que nous sommes moralement, sinon légalement, tenus de combattre » (écouter son discours).
Voilà résumée en quelques mots toute l’utilité d’un organisme multilatéral comme l’OIT, qui défend le dialogue international et la recherche de compromis entre 192 États comme promesse d’avancées sociales. Loin des polémiques stériles sur les réseaux sociaux, du feu de l’actualité qui noie notre raison et du cloisonnement des idées tellement contradictoire avec les valeurs que porte l’économie sociale et solidaire.
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