L’invasion de l’Ukraine par la Russie va-t-elle reconfigurer l’ordre politico-monétaire mondial ? Les pays occidentaux ont adopté des sanctions économiques très fortes envers la Russie. Sur BFM Business, Frédéric Vuillod, fondateur de Mediatico, est revenu ce mardi 1er mars sur les conséquence pour l’investissement responsable de cette guerre en Ukraine.
Les questions éthiques se posent en effet pour tous les gérants sur le choix de leurs investissements. Faut-il soutenir ou pénaliser l’investissement dans l’industrie de l’armement, y compris pour aider la résistance ukrainienne ? Traditionnellement, les ONG et les investisseurs responsables avaient exclu le financement des armes controversées dans leurs investissements. Tout le monde ne le voit pas de cet oeil.
L’été dernier, Florence Parly, ministre des armées, s’est indignée du « durcissement des réglementations en termes de responsabilité sociale et environnementale [qui pouvaient] être préjudiciable aux industries de défense », lors d’une audition à l’Assemblée nationale. Le projet était « d’exclure de la taxonomie européenne les entreprises, dont 5% ou plus du chiffre d’affaires est constitué par des activités de production ou de vente d’armes conventionnelles ou d’équipements militaires ». Pour Florence Parly, inclure ce financement dans la taxonomie européenne permettait justement la protection de la démocratie…
Que va faireTotalEnergies ?
L’investissement responsable est basé sur les critères ESG, pour Environnement, Social et Gouvernance. Or, aujourd’hui, les critères ESG pèsent de plus en plus dans le choix des investisseurs :
- Pour la question environnementale, se pose d’abord la thématique énergétique et plus particulièrement la dépendance au gaz russe. En effet, plus de 43 % du gaz importé dans l’Union européenne provenait de Russie. Et seulement 16 % pour la France, d’après Eurostat, en 2020.
- Pour le critère social, on peut évidemment penser à la crise humanitaire qui vient, et notamment à l’afflux de réfugiés. Ils sont déjà plus de 874.000 à avoir quitté le pays indique l’ONU. La solidarité est en marche, comme nous l’avons expliqué dans cet éditorial.
- Enfin, pour le critère de gouvernance, il est apparu évident qu’il ne fallait pas investir en Russie.
La banque d’affaires américaine JPMorgan Chase a annoncé qu’elle allait exclure les obligations russes de ses index ESG. Pour sa part, la compagnie pétrolière britannique BP vient de céder ses 20 % dans Rosneft, compagnie pétrolière de l’État russe, qui lui apporte pourtant 30% de sa production de gaz et de pétrole.
Le Français TotalEnergies n’a pas choisi ce chemin. Il ne veut pas renier des dizaines d’années d’investissements en Russie. Pour le moment.
Retrouvez sur cette page l’intervention intégrale de Frédéric Vuillod sur BFM Business de ce mardi 1er mars.