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Loi de finance rectificative : l’économie sociale et solidaire est en colère

Un mois de crise, déjà. Une crise sans précédent. Et l’économie sociale et solidaire en première ligne, avec le secteur sanitaire et social. Mais aussi en seconde ligne, avec les acteurs de la solidarité qui redoublent d’efforts dans leurs missions d’intérêt général. Malgré le manque de protections sanitaires. Malgré la crise économique, qui fait s’évanouir tout espoir de chiffre d’affaires et raréfie encore les sources de financement.

Mais à grand renfort de bénévoles, car la générosité ne manque pas. D’ailleurs, vous découvrirez demain sur Mediatico.fr notre nouveau reportage sur la chaîne de solidarité des Grands Voisins, qui élabore actuellement 2.600 repas par semaine pour les plus démunis. Une gageure.

Conditionner 20 milliards d’aides publiques à l’engagement écologique

Pourtant, l’économie sociale et solidaire est en colère. Car trop, c’est trop. Le rejet vendredi de l’amendement de Matthieu Orphelin, député de Maine-et-Loire et ancien porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, a mis le feu aux poudres. Avec quinze autres députés, il demandait que le projet de loi de Finance rectificative, en discussion à l’Assemblée pour faire adopter 20 milliards d’euros d’aides d’urgence à l’économie, conditionne les aides publiques aux entreprises à de réelles contreparties en termes de réduction de leur empreinte écologique. Vous savez quoi ? La majorité parlementaire a refusé.

Voilà qui chauffe sérieusement les oreilles du Mouves. Le Mouvement des entrepreneurs sociaux, qui fédère plusieurs centaines d’acteurs de l’économie sociale et solidaire, a lancé l’an dernier le collectif #Noussommesdemain pour élargir sa capacité d’action et celle de l’ensemble des acteurs économiques engagés. Ce collectif représente aujourd’hui 400.000 entreprises à impact concernées par les enjeux sociaux et écologiques… et 3 millions d’emplois !

Souvenir du CICE : « l’erreur d’hier »

Alors, le Mouves enfonce le clou : « Nous avons assez vu comme le CICE [20 milliards d’euros par an, ndlr] n’avait pas permis à l’économie française ni de se renforcer dans ses fondamentaux, ni de créer de l’emploi, et comme à l’inverse il avait accompagné le renforcement des inégalités et des modèles productivistes dépassés. Se préparer à l’avenir n’est pas refaire les erreurs d’hier », tonne-t-il, d’une colère sourde.

Un coup de gueule fort à propos, peut-être même un pavé dans la marre. Car « cela n’a aucun sens si l’Etat-actionnaire va à l’encontre de l’Etat-stratège », assure Matthieu Orphelin. Selon lui, ce « lamentable rejet » révèle l’incompréhension du gouvernement et de la majorité au sujet « des risques climatiques et des efforts de transformation que nous aurons à mener rapidement (et) auxquels sont aussi exposés ces entreprises ». Las.

En attendant, les entrepreneurs sociaux et les acteurs de l’ESS relèvent le gant chaque jour. Vous retrouverez aussi leurs témoignages sur Mediatico.fr, dans notre nouvelle rubrique « Confinés et Solidaires », où ils racontent leur choc du confinement, son impact sur les équipes et sur l’activité, leurs décisions stratégiques et la façon dont ils préparent déjà l’après. Un partage d’expérience unique avec vous. Ils sont toujours présents !

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