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Percuté de plein fouet par les élections législatives anticipées, le secteur associatif est fortement mobilisé pour défendre tout à la fois : la liberté de l’action associative impulsée par les bénévoles ; le soutien aux bénéficiaires sans considération d’origine ou de culture ; ainsi que les financements publics qui soutiennent l’action associative sur les territoires. Or, le financement, nerf de la guerre, est mal en point depuis déjà longtemps, révèle le CESE dans son dernier rapport.

Troisième assemblée de la République après l’Assemblée nationale et le Sénat, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) avait lancé voilà six mois une consultation nationale sur le financement du monde associatif. Plus de 6.500 réponses lui sont parvenues, lui permettant de dresser un état des lieux précis et une série de 20 préconisations à l’adresse des pouvoirs publics, contenus dans un rapport publié fin mai.

La subvention ne représente plus que 20% des budgets associatifs

Intitulé « Renforcer le financement des associations, une urgence démocratique », ce rapport démontre d’abord que les associations, loin d’appartenir uniquement à la catégorie des « acteurs économiques », sont d’abord actrices de la citoyenneté, offrent des services d’intérêt général et permettent l’apprentissage de la vie démocratique, affirme à Mediatico notre invité Martin Bobel, co-rapporteur du rapport du CESE avec sa collègue Dominique Joseph, par ailleurs administrateur du Réseau National des Ressourceries et du Réseau Francilien du Réemploi.

Certes, il est difficile de dire si les 1,5 million d’associations en France sont moins bien financées qu’auparavant : le manque cruel de statistiques, l’opacité des chiffres et l’éparpillement des modes de financement ne permet pas d’avoir une lecture claire de la situation. Mais les acteurs associatifs regrettent tous la suppression des emplois aidés, la mise en concurrence occasionnée par les appels d’offres, mais aussi la charge administrative croissante imposée par le suivi des subventions et surtout le difficile rééquilibrage de leurs modes de financements : entre 2005 et 2020, la part des subventions dans les recettes associatives est passée de 35 % à 20 % !

Quand le RN veut empêcher le Secours Populaire de travailler

La fragilisation financière des associations est un danger pour la démocratie, a fortiori à l’heure où l’extrême droite est en passe de gouverner la France, relève encore Martin Bobel. Pour lui, « l’extrême droite agit en destruction du pluralisme » alors que le monde associatif est à l’inverse « pluriel par nature ». Martin Bobel cote notamment le cas d’une ville dirigée par le Rassemblement National, dans l’Est de la France, où le maire tente d’expulser le Secours Populaire, de lui couper les subventions, le gaz et l’électricité, au motif que sa politique d’accueil inconditionnel le pousse à s’occuper des migrants… 

Réhabiliter la subvention, l’accorder de façon pluriannuelle, renouer la confiance avec l’Etat, abroger le Contrat d’engagement républicain, porter les financements associatifs à 2,5% du budget de l’Etat, relancer les emplois aidés, mais aussi transformer la défiscalisation du don associatif en crédit d’impôt pour tous les foyers fiscaux… Au total, pas moins de 20 préconisations dans ce rapport du CESE, à retrouver dans cette interview vidéo et sur le site internet du CESE.

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