3 questions à Paul Maréchal, délégué national d’ATD Quart Monde
Quels messages porte la campagne “Engagez-vous pour mes droits” ?
A l’occasion du 30e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, nous disons que la pauvreté est une violation des droits de l’enfant dans son accès à l’éducation, dans son accès à la culture et dans son droit à être entendu. Nous montrons aussi que les enfants eux-mêmes s’engagent pour faire avancer leurs droits et nous faisons exister la parole des adultes qui s’engagent aux côtés des enfants pour rendre ces droits effectifs. Concrètement, nous diffusons le journal “Résistances”, réalisé par un collectif d’associations, qui ne sort qu’une fois par an. Et nous éditons un kit pédagogique pour les enfants et les adolescents, diffusé dans les écoles, les centres aérés et les mouvements de jeunesse, avec l’idée que tous les enfants peuvent être sensibilisés à la question de la grande pauvreté et devenir acteurs. On y trouve des activités créatives et ludiques, des jeux collaboratifs pour découvrir ses droits, exprimer son avis ou réfléchir à sa façon d’agir. Et nous invitons les enfants à écrire une lettre au président de la République, qui est garant de leurs droits.
Où en est-on du Plan Pauvreté lancé l’an dernier par Emmanuel Macron ?
Certaines annonces allaient dans le bon sens pour l’enfance et la jeunesse : rendre la scolarité obligatoire de 3 à 6 ans et de 16 à 18 ans, dédoubler les classes de CP et de CE1, ou encore ne plus laisser à leur sort les enfants suivis par l’aide sociale à l’enfance une fois passé l’âge de 18 ans. Mais, sur ce dernier point par exemple, les budgets n’augmentent pas à la hauteur de ce que coûte un accompagnement sérieux, supposant un logement et une formation vers l’emploi. Surtout, certaines décisions de l’État sont contre-productives : la loi Elan sur le logement réduit énormément le nombre de logements très sociaux et fragilise les APL. De même, la réforme de l’assurance-chômage prive de droits, donc de capacité de rebond, des personnes qui ont besoin de stabilité pour retrouver du travail. Pour lutter contre la grande pauvreté, il ne faut pas saucissonner les politiques. Il faut une cohérence d’ensemble.
Le projet de revenu universel d’activité répond-il à vos attentes ?
Le revenu universel d’activité est censé faciliter l’accès au RSA, mais nous sommes inquiets. Malgré une phase de concertation importante, il apparaît que les associations ont été écoutées, mais que leur avis n’est pas pris au sérieux. Le gouvernement, par exemple, veut mettre en place ce nouveau revenu à budget constant, avec l’ambition de lutter contre le non-recours aux aides sociales. Or, à ce jour, 30% des bénéficiaires du RSA n’y accèdent pas. Il faut donc obligatoirement augmenter le budget. Sinon, c’est accepter qu’il va y avoir des perdants et qu’on ne luttera pas efficacement contre le non-recours. Nous nous inquiétons donc de voir que le gouvernement ne veut pas changer de ligne de conduite.