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Plan social historique au Secours Catholique : 130 postes en CDI vont être supprimés

C’est un séisme pour le secteur associatif, qui augure mal de la crise dans laquelle nous venons d’entrer.  Pour la première fois en près de 90 ans d’existence, le Secours Catholique, fondé en 1946 et figure emblématique de la solidarité en France, vient d’annoncer un plan social !

La direction du Secours Catholique prévoit en effet la suppression de 130 postes en CDI, soit près de 14 % de ses effectifs. Cette décision inédite est particulièrement douloureuse pour une structure qui emploie aujourd’hui 932 salariés et qui s’appuie sur 60.000 bénévoles dans le pays.

Une « transformation » pour sortir de la « zone de risque »

Présenté jeudi 16 octobre au comité social et économique, ce « projet de transformation » doit permettre de « mettre en place une organisation sobre, en proximité des actions de terrain » en 2026, a expliqué la direction. Une phase de départs volontaires est prévue dans un premier temps, avant d’envisager d’éventuels licenciements contraints dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi. L’objectif est de ramener le nombre de postes en CDI de 932 à 802.

Pour Adelaïde Bertrand, directrice générale du Secours Catholique, interrogée sur France Inter, cette décision vise avant tout à « assurer la pérennité de notre mission ». « C’est un moment d’une gravité certaine, confie-t-elle. La pauvreté n’a jamais été aussi élevée en France depuis trente ans, mais nos ressources deviennent de plus en plus instables. En seize ans, nous avons connu onze exercices déficitaires. »  

Des finances fragilisées, malgré un ancrage historique

Les difficultés financières de l’association ne sont pas une surprise. En janvier dernier, la Cour des Comptes pointait déjà une situation budgétaire préoccupante, citant les déficits de 2023, les projections pour 2024 et la hausse des charges immobilières. Le rapport appelait explicitement l’organisation à « rechercher les voies d’un retour à l’équilibre financier ».

Comme beaucoup d’autres acteurs du monde associatif, le Secours Catholique subit de plein fouet la baisse du nombre de donateurs, la réduction des financements publics et la hausse des coûts fixes, qu’ils soient salariaux, alimentaires ou énergétiques. 

Voilà deux ans, les Restos du Coeur avaient également tiré la sonnette d’alarme. « Lorsque l’on ne peut pas remplir son frigo, on réfléchit avant de donner aux associations », rappelait encore récemment Patrice Douret, président bénévole des Restos du Cœur, confronté à une même tension structurelle.

Une alerte pour tout le secteur associatif

Ce plan social n’est pas un cas isolé. Le 11 octobre, lors de la première journée de mobilisation associative nationale lancée par le Mouvement Associatif, plusieurs grandes associations de solidarité ont alerté sur leurs difficultés financières croissantes, réclamant un soutien renforcé de l’État. 

Dans un contexte d’inflation persistante, de raréfaction des dons, de multiplication des publics en précarité et de suppression des subventions publiques, le modèle économique du secteur associatif est actuellement en grand danger, alors que c’est lui qui maintient ce qu’il reste de cohésion sociale en France.

Pour le Secours Catholique, la priorité reste de préserver le cœur de sa mission : agir durablement aux côtés des plus pauvres, selon les mots de sa direction. Mais la symbolique est forte : voir une institution aussi emblématique contrainte de se séparer de 130 salariés en CDI illustre la crise silencieuse que traversent les piliers historiques de la solidarité française.  

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