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Rouen, Strasbourg, Nantes : ces métropoles qui deviennent des territoires à impact

Six ans après le vote de la loi PACTE, les territoires ne se contentent plus de prôner la transition écologique et sociale : certains la mettent en œuvre dans leurs propres structures, en engageant leurs entreprises, leurs institutions, voire leur gouvernance. 

À Rouen, Strasbourg ou Nantes, ces initiatives locales commencent à dessiner une nouvelle carte de France de l’engagement responsable, où l’économie à impact devient un levier stratégique de développement territorial.

Rouen, premier « territoire d’entreprises à mission » de France

La Métropole Rouen Normandie vient par exemple de franchir une étape inédite : en partenariat avec la Communauté des entreprises à mission (CEM), elle devient le premier territoire d’entreprises à mission de France. Son objectif : accompagner 50 entreprises locales dans leur transition vers le statut d’entreprise à mission d’ici fin 2027.

Introduit par la loi PACTE de 2019, le statut des entreprises à mission permet aux entreprises d’inscrire dans leurs statuts une raison d’être et des objectifs sociaux et environnementaux, suivis par un comité de mission et évalués par un organisme tiers indépendant.

« Ce partenariat illustre l’engagement fort de la Métropole Rouen Normandie vers une transition économique et va permettre de créer un écosystème stimulant pour les entreprises », souligne Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de la Métropole.

« J’espère que cette initiative fera école, en inspirant d’autres métropoles », ajoute Valérie Brisac, directrice générale de la CEM.

Pionnière en 2024 avec son salon Sam’Cause, premier rassemblement normand des sociétés à mission, Rouen s’affirme aujourd’hui comme un laboratoire d’économie à impact, où les acteurs publics s’impliquent aux côtés des entreprises pour transformer les modèles économiques locaux.

Strasbourg invente l’office du tourisme… coopératif !

Autre première nationale : à Strasbourg, l’Office de tourisme métropolitain vient de se transformer en Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Une évolution rare dans le monde institutionnel du tourisme, marquant une volonté forte de refonder la gouvernance autour de la coopération entre acteurs publics, privés et salariés.

Cette mutation, issue d’un long travail de concertation, a abouti en juillet 2025 à la création de l’Office de tourisme, de loisirs et de congrès de Strasbourg (OTLC) sous statut coopératif. La nouvelle SCIC, dotée d’un capital de 40 050 €, associe quatre collèges de sociétaires : bénéficiaires, collectivités, partenaires et salariés, représentés dans un Conseil coopératif de 20 membres.

« Ce modèle plus collégial permettra de mieux répondre aux attentes des visiteurs et aux défis du développement durable du territoire », explique Joël Steffen, adjoint à la maire de Strasbourg et président de la SCIC.

Cette gouvernance partagée s’inscrit dans la stratégie touristique initiée dès 2021 par l’Eurométropole de Strasbourg, soucieuse d’articuler attractivité économique et impact social. Là encore, la transformation ne se limite pas à un symbole : elle rebat les cartes d’un secteur clé du développement local, en alignant le tourisme sur les valeurs de coopération et de durabilité.

Nantes, pionnière d’un développement économique à impact

Dès 2022, Nantes Saint-Nazaire Développement avait ouvert la voie. Première agence de développement économique à adhérer au Mouvement Impact France, elle s’est alors dotée d’une grille de sélection fondée sur les 17 Objectifs de développement durable de l’ONU pour accueillir les entreprises sur son territoire.

« La durabilité d’un territoire dépend du type d’entrepreneurs que l’on accueille », rappelait à Mediatico Nicolas Debon, directeur de l’agence (revoir notre vidéo).

Résultat : les entreprises désormais accompagnées doivent démontrer leur impact social, écologique et territorial. Celles qui ne répondent pas à ces critères peuvent toujours s’implanter librement, mais sans bénéficier du soutien public de l’agence.

Cette stratégie d’attraction sélective a permis de doubler le nombre d’entreprises à impact implantées dans la métropole, tout en renforçant la cohérence entre développement économique et transition écologique. Avec près de 40 % d’entreprises engagées en RSE, Nantes se revendique comme la première métropole RSE de France.

Un même horizon : l’économie à impact territorial

Rouen, Strasbourg, Nantes : trois démarches différentes, mais un même fil conducteur. Partout, les territoires assument de plus en plus leur rôle de chefs d’orchestre de la transition, en intégrant l’impact social et environnemental dans leur stratégie économique.

Ces initiatives traduisent une conviction partagée : la transformation écologique ne se fera pas contre l’économie, mais avec elle, à condition d’en redéfinir les finalités et les indicateurs de succès. Une démarche semblable à celle que mènent les entreprises engagées dans une démarche de Responsabilité territoriale de l’entreprise (RTE).

D’autres collectivités s’intéressent déjà à ce mouvement. Plusieurs régions, agglomérations et offices de tourisme envisagent à leur tour des modèles hybrides : labels “territoire à impact”, coopératives publiques locales, plans RSE territoriaux… La dynamique s’amplifie.

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