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Sociétés à mission : 2.000 entreprises engagées, 1 million de salariés concernés  

Cinq ans après leur création, les sociétés à mission confirment leur essor. Fin 2024, la France comptait en effet 1.961 sociétés à mission, soit près de 500 de plus qu’en 2023. Désormais, plus de 1 million de salariés travaillent dans une société à mission ou dans un groupe dont la maison-mère est société à mission, selon le 8e baromètre de l’Observatoire des sociétés à mission révélé mardi 25 mars au ministère de l’Économie et des Finances.

Ces chiffres, bien que modestes au regard des presque 4 millions d’entreprises en France, n’en représentent pas moins une dynamique en pleine expansion : le nombre de sociétés à mission a doublé en deux ans et triplé en trois ans, témoignant d’un engouement croissant pour cette nouvelle vision de l’entreprise, a assuré Valérie Brisac, directrice générale de la Communauté des Entreprises à Mission.

Dans le détail, le baromètre nous apprend qu’alors qu’elles ne représentent que 2 % du tissu économique français, les grandes entreprises et ETI forment 19 % des sociétés à mission (5 % pour les grandes entreprises et 14 % pour les ETI). Le nombre de grandes entreprises engagées a bondi de 22 % en un an.

Quelles entreprises sont « à mission » ?

Doctolib dans la santé, Raise dans la finance, Maif dans l’assurance, Transdev dans la mobilité, La Banque Postale dans la banque, KPMG dans le conseil, Camif dans l’e-commerce, ou encore Dammann Frères, spécialiste du thé depuis 1825… montrent bien la diversité des acteurs engagés dans le modèle.

La table ronde « Quand la mission booste l’innovation » a aussi mis en lumière plusieurs initiatives concrètes. Catherine Lescure, directrice Impact chez Enedis, a lancé des écoles de la transition énergétique qui comptent déjà 100 lycées partenaires. Bruno Adhémar, de Sublime Énergie, a partagé son engagement pour la biomasse qui augmente le revenu des agriculteurs et son ambition d’adopter une comptabilité à triple capital : financier, social et environnemental. Evelyne Barberot, co-directrice générale du recycleur automobile GPA, a quant à elle évoqué la création d’un fonds philanthropique soutenant des associations culturelles et environnementales locales dans la Drôme.

En outre, les sociétés à mission ne sont pas un phénomène exclusivement parisien. Elles se répartissent sur l’ensemble du territoire national, impliquant de nombreux secteurs d’activité. Cette diversité géographique et sectorielle montre que l’engagement sociétal n’est plus une exception mais une tendance de fond.

Convergence de vues partielle avec l’économie sociale et solidaire

Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes entreprises et de l’Économie sociale et solidaire, a salué cette dynamique : « Les sociétés à mission développent de nouvelles offres de produits et de services répondant aux préoccupations environnementales et sociales ». 

La ministre a aussi insisté sur la nécessité de renforcer la collaboration entre ces sociétés et les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS). Les principes de fonctionnement de l’ESS diffèrent souvent de celles des sociétés à mission, notamment concernant la gouvernance partagée ou les écarts de rémunération. Mais il est vrai que ces deux familles d’entreprises partagent des valeurs et des ambitions communes qui devraient les conduire à dialoguer.

Yohan Penel, directeur de l’Observatoire des sociétés à mission, a d’ailleurs évoqué une « convergence naturelle entre les sociétés à mission et les associations », bien que ces dernières ne relèvent pas de la loi Pacte. Selon lui, cette convergence va « de la gouvernance au partage de la valeur, et du contrôle à l’évaluation de leurs actions ».

Téléchargez le baromètre

Autre point de convergence, Guillaume Desnoës, co-fondateur de l’entreprise sociale Alenvi et co-président de la Communauté des Entreprises à Mission (avec Hélène Bernicot, directrice générale du Crédit mutuel Arkéa), a insisté sur la capacité des sociétés à mission à s’engager de façon durable, dépassant les fluctuations politiques et médiatiques pour inscrire leur engagement dans le long terme. Les acteurs de l’ESS, eux aussi, ambitionnent par essence de se projeter sur le temps long pour tenter de répondre aux défis sociaux et sociétaux.

Le 8e baromètre des entreprises à mission révèle ainsi une dynamique prometteuse, porteuse d’une nouvelle vision de l’économie fondée sur la responsabilité de leurs actions, et potentiellement déclinable à de nombreux autres acteurs économiques. En introduisant dans le droit français la qualité de société à mission, l’article 176 de la loi du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises (loi Pacte) a bel et bien permis l’essor d’une autre vision de l’économie. Qu’il reste encore à décliner… sur toutes les autres.

Pour découvrir les résultats détaillés du 8e baromètre : téléchargez le press kit ci-joint.

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