L’Europe entière rendait cette semaine hommage à Sofia Corradi, surnommée « Mamma Erasmus », décédée le 17 octobre 2025 à l’âge de 91 ans. Car cette professeure italienne de sciences de l’éducation, visionnaire de la mobilité étudiante, laisse derrière elle un héritage immense : le programme Erasmus, qui a permis à plus de 16 millions d’Européens de traverser les frontières pour étudier et se former !
Le décès de Sofia Corradi, à l’origine du programme Erasmus, rappelle que l’éducation et la mobilité internationale peuvent être des leviers puissants pour renforcer la cohésion sociale et la solidarité, des valeurs au cœur de l’économie sociale et solidaire. Mediatico invitera d’ailleurs Nelly Fesseau, directrice de l’Agence Erasmus+ Education Formation, dans son émission du mercredi 29 octobre réalisée en direct du Forum mondial de l’ESS à Bordeaux.
Une idée née d’une injustice
Née en 1934 à Rome, Sofia Corradi suit des études de droit à l’université La Sapienza. Grâce à une bourse Fulbright, elle poursuit son cursus à l’Université Columbia de New York. À son retour en Italie, elle découvre que son diplôme américain n’est pas reconnu, un désaveu qu’elle transforme en moteur d’action. Sa volonté : permettre à tous les étudiants, quels que soient leurs moyens, d’accéder à l’expérience internationale et de voir leurs études validées à leur retour.
Cette détermination aboutit en 1987 à la création du programme Erasmus (pour EuRopean Action Scheme for the Mobility of University Students), qui favorise la mobilité, la coopération universitaire et la reconnaissance des diplômes à l’échelle européenne.
Un programme solidaire et inclusif, en pleine adéquation avec l’ESS
En créant Erasmus, Sofia Corradi a ouvert l’accès à l’enseignement supérieur au plus grand nombre, indépendamment de ses moyens financiers, favorisant ainsi l’égalité des chances. Cette démarche s’inscrit pleinement dans la logique de l’ESS : concilier impact social et collectif avec des projets durables, structurants et émancipateurs pour chacune et chacun.
Le programme Erasmus a aussi créé un capital social européen, en cultivant la coopération, l’empathie et la participation citoyenne. Là encore, des principes fondamentaux pour les entreprises solidaires qui cherchent à générer des bénéfices économiques tout en servant l’intérêt général, car l’investissement dans le capital humain et les expériences partagées est un moteur de transformation sociale et de création de valeur collective supérieure à la seule valeur économique.
L’héritage de Sofia Corradi est un exemple inspirant pour l’ESS européenne : faire de la solidarité, de l’inclusion et de la coopération les piliers d’un projet structurant, qu’il s’agisse de mobilité étudiante ou d’entrepreneuriat social. Son action montre que des politiques publiques et des programmes conçus autour du bien commun peuvent transformer durablement la société.
Une vie dédiée à l’Europe et à l’éducation
Professeure à l’université Rome III, Sofia Corradi a inspiré des générations d’étudiants et de chercheurs à travers l’Europe. Au-delà d’Erasmus, elle a mené des recherches sur le droit à l’éducation pour l’Académie de droit international de La Haye, pour la Commission des droits de l’homme des Nations Unies, ou encore pour la London School of Economics.
Son engagement a été distingué par le prix européen Charles-Quint en 2016 et par les insignes de docteur honoris causa de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne en 2024.
Son héritage inspire aujourd’hui les acteurs de l’ESS européenne : favoriser la coopération, l’inclusion et la solidarité à grande échelle est non seulement un objectif social, mais aussi un moteur de développement économique durable. « Mamma Erasmus » restera un modèle pour toutes celles et ceux qui veulent conjuguer innovation, impact social et transformation collective.





