Le tour de vis budgétaire de l’Etat s’impose douloureusement dans plusieurs régions françaises, mais toutes les régions ne traitent pas l’économie sociale et solidaire de la même façon. Sylvie Mariaud, vice-présidente de la Région Ile-de-France en charge de l’Économie sociale et solidaire et des Achats responsables, est venue faire le point de son action à mi-chemin de son mandat 2021-2028, sur le plateau de Mediatico.
La région Ile-de-France compte aujourd’hui 33.400 structures de l’ESS, représentant 400.000 emplois. Parmi celles-ci, 1200 structures ont été accompagnées par la Région depuis 2022, dont 700 en financement et 500 en accompagnement, soutient Sylvie Mariaud. Mais l’élue explique très vite comment la rigueur budgétaire imposée par Bercy s’est d’abord traduite par 321 millions d’euros de baisse des dotations de l’Etat dans le budget de la région pilotée par Valérie Pécresse : « En 2025, il a fallu faire des choix budgétaires », reconnaît-elle.
Pour autant, alors que les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire ont décidé en conséquence de couper violemment dans les financements à l’ESS, « ce que l’on ne peut que regretter », estime Sylvie Mariaud, la Région Ile-de-France a choisi au contraire de maintenir ses budgets d’investissement à l’ESS et de ne réduire qu’à la marge ses crédits de fonctionnement.
Maintenir le soutien aux acteurs de l’ESS en Ile-de-France
« Nous allons pouvoir continuer de soutenir les têtes de réseau, avec une très légère réduction de nos subventions », explique-t-elle en particulier à l’égard de la CRESS Ile-de-France, « partenaire incontournable » dont la subvention annuelle de 200.000 euros sera réduite de 5% cette année, à l’issue du vote prévu fin mars au sein de l’exécutif régional.
En investissement, Sylvie Mariaud revendique la mise en place de plusieurs dispositifs pour l’ESS. L’an dernier, la Région Ile-de-France a ainsi créé le fonds d’investissement InvESS Amorçage pour les structures les plus petites. Ce fonds de 8 M€ vient compléter le fonds InvESS Développement déjà existant, doté pour sa part de 3 M€, ce qui permet de combler « le trou dans la raquette » du financement des jeunes acteurs innovants au plan social et environnemental. En effet, tous ne sont pas encore financés par des acteurs comme France Active.
De même, la Région Ile-de-France soutient le fonctionnement de l’incubateur Le Perqo, situé dans le bâtiment même du Conseil régional, à Saint-Ouen. Le recrutement de la prochaine promotion d’incubés est d’ailleurs en cours : invités à postuler, les futurs lauréats doivent être actifs dans le champ du handicap, de la transition écologique et, c’est nouveau, de l’intelligence artificielle !
L’Accélérateur ESS : + 57% de chiffre d’affaires en moyenne
La Région Ile-de-France soutient aussi plus que jamais le fonctionnement de l’Accélérateur ESS opéré par HEC Paris, qui a vocation à soutenir les acteurs de l’ESS plus matures. Ceux-ci peuvent être en phase de changement d’échelle ou nécessiter une évolution de leur modèle économique.
Depuis son lancement en 2018, l’Accélérateur ESS a accompagné plus de 70 structures de l’économie sociale et solidaire, dont le chiffre d’affaires cumulé a augmenté de 57% et le nombre d’emplois de 45%. Parmi ces structures, 32 % ont obtenu des subventions de la Région.
Les achats responsables à l’épreuve des bouleversements du monde
Enfin, sous sa casquette « Achats responsables », Sylvie Mariaud s’efforce d’actionner plusieurs leviers pour « entraîner l’ensemble des acteurs économiques vers une démarche plus responsable » inspirée des valeurs de l’ESS. Elle soutient ainsi une meilleure intégration de l’ESS dans le tissu économique régional, au travers par exemple du nouveau programme « Industries engagées » qui intègre l’ESS dans les chaînes de valeur industrielles, notamment dans l’économie circulaire.
De même, la Région Ile-de-France elle-même représente un volume d’achats de 1 milliard d’euros par an, sur lesquels « 80 M€ d’achats inclusifs sont fléchés vers des structures de l’ESS ». Ce volume est important, mais le potentiel de développement l’est plus encore. Le mandat de Sylvie Mariaud se terminera en mars 2028, la route est encore longue. Mais d’ici là…
Face aux bouleversements du monde, Sylvie Mariaud masque toutefois difficilement son air soucieux. « On aura toujours besoin de nouvelles solutions, d’entreprises attentives à l’inclusion des personnes les plus défavorisées », soutient-elle. « On aura toujours besoin d’ESS, j’espère que les entreprises de l’ESS continueront à prospérer ». Nous croisons tous les doigts. En attendant, chacun continue de faire sa part.
