L’innovation territoriale, remise en avant avec le rapport de Akim Oural*, est depuis longtemps le voeu pieux d’un État schizophrène qui souhaite à la fois laisser l’initiative aux collectivités territoriales tout en gardant le contrôle sur leur développement. Atavisme d’un jacobinisme culturel…
À l’heure où les besoins sociaux et sociétaux sont grandissants, il est urgent d’innover et de chercher des mécanismes inédits pour palier la baisse des dotations publiques, notamment dans le monde associatif.
Des dispositifs permettent déjà d’envisager des partenariats prometteurs dans la co-construction de solutions locales entre secteur marchand, acteurs publics et tiers secteur : c’est le cas du mécénat de compétences notamment.
L’idée récemment initiée par KOEO à partir de ce dispositif est de construire avec les communes une subvention « mixte »qui serait proposée à leurs acteurs associatifs de proximité avec l’appui des entreprises locales : c’est la subvention METIS (Mobilisation et Engagement des Territoires pour l’Impact Sociétal).
La subvention METIS imaginée par KOEO, un acteur de l’ESS fortement impliqué dans le mécénat de compétences, consiste donc à compenser en partie la baisse des subventions municipales aux associations d’intérêt général locales par un complément de ressources, constitué d’un crédit d’heures de mécénat de compétences, construit et établi en amont de la démarche avec les entreprises du territoire.
La commune peut ainsi mettre en place une mécanique vertueuse en impliquant ses forces vives économiques, via le don d’expertise des collaborateurs d’entreprises locales aux structures associatives de proximité. Elle devient un acteur pro-actif porteur de solutions concrètes et innovantes, elle fédère ensemble différents maillons de la collectivité et elle ouvre des perspectives nouvelles de collaboration entre des mondes qui pouvaient s’ignorer jusqu’à présent : le lucratif et le non lucratif. Car le mécénat de compétences le démontre tous les jours sur le terrain, ce sont deux univers qui ont beaucoup à s’apporter mutuellement, en termes d’échange de méthodologies et de partage de valeurs.
Expérimentée actuellement auprès de communes pilotes, l’initiative de KOEO représente un appel plus large à regrouper les forces locales et à dupliquer ce dispositif de façon étendue. Communes, entreprises, associations, prêtes à co-construire un intérêt général métissé ?
Jean-Michel Pasquier
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