Saviez-vous que 37 % des Français se déclarent confrontés à l’insécurité alimentaire, contre 12 % il y a huit ans ? Face à cette explosion, trois grands acteurs de l’économie sociale et solidaire lancent une initiative inédite.
Le Groupe VYV, première mutuelle de santé et de protection sociale en France, la coopérative Upcoop, spécialiste des solutions de paiement à utilité sociale, ainsi que la coopérative Biocoop, leader de la distribution de produits bio, ont en effet décidé d’unir leurs forces pour offrir aux salariés aux revenus modestes une aide fléchée vers l’achat de produits alimentaires sains et responsables.
Au cœur de leur dispositif, se trouve la carte UpCohésia. Alimentée chaque année par les fonds de solidarité des régimes de protection sociale, elle permettra aux salariés qui sont adhérents d’Harmonie Mutuelle – qui fait partie du groupe VYV – de régler leurs achats dans un réseau de commerces responsables : magasins bio, circuits courts, magasins de vrac, primeurs…
Le dispositif repose sur trois principes clés :
- Les employeurs doivent être affiliés à des branches professionnelles partenaires de Harmonie Mutuelle et offrir à leurs salariés une carte UpCohésia.
- Cette carte est créditée annuellement grâce aux fonds de solidarité des régimes de protection sociale, elle permet de payer des produits sains et durables dans un réseau de plus de 4500 commerces responsables, dont 740 magasins Biocoop.
- Des ateliers sur l’alimentation, webinaires et autres documentations sont proposés aux bénéficiaires, avec un accompagnement santé et nutritionnel assuré par le Groupe VYV.
Ce partenariat incarne la capacité de l’ESS à concevoir des solutions à fort impact social, fondées sur des valeurs : solidarité, santé, durabilité et accès à tous. Il répond concrètement aux trois grands enjeux sociétaux d’aujourd’hui : l’urgence alimentaire, l’égalité d’accès à une alimentation saine et la transition écologique.
Une alliance inédite dans l’ESS
Comme le souligne Stéphane Junique, président du Groupe VYV : « C’est notre responsabilité d’acteur mutualiste d’innover avec d’autres acteurs de l’ESS ». Il estime que « notre société a trop tendance à limiter les politiques de santé à l’action sur l’offre de soins. Mais la santé commence dans l’assiette ! Et grâce à cette initiative, nous faisons de l’alimentation un levier concret de prévention et de solidarité au service des salariés ».
Éditeur de la carte UpCohésia, Youssef Achour, président de la coopérative Upcoop, dit croire « à la force des solutions de paiement à utilité sociale et locale, particulièrement dans le domaine de l’alimentation ». Pour lui, « la carte UpCohésia incarne cette ambition : simplifier l’accès à une consommation plus responsable, plus humaine et durable ».
Enfin, le président de Biocoop, Henri Godron, rappelle que « permettre à chacun d’accéder à une alimentation bio, locale et de qualité est au cœur de notre engagement depuis toujours. Grâce à ce partenariat, nous franchissons une étape : rendre accessible une alimentation saine et durable dans le monde professionnel. »
Ce partenariat illustre la force des modèles coopératif et mutualiste, et surtout de leur complémentarité. En conjuguant santé, solidarité et durabilité, ces trois acteurs entendent en effet démontrer qu’il est possible de répondre à une urgence sociale par l’innovation coopérative.
Vers une sécurité sociale de l’alimentation ?
Leur dispositif s’insère par ailleurs dans un paysage d’initiatives diversifiées contre la précarité alimentaire. Les épiceries solidaires se déploient depuis plusieurs années sur le territoire national, ainsi que des réseaux de distribution de paniers alimentaires solidaires, avec le Réseau Cocagne ou de nombreuses Amaps par exemple.
En parallèle, certaines collectivités locales expérimentent actuellement des chèques alimentaires (Seine-Saint-Denis), des caisses alimentaires solidaires (Paris 14e) ou diverses expérimentations destinées à élaborer une Sécurité sociale de l’alimentation, estimant que le modèle conçu en 1945 pour la santé des Françaises et des Français pourrait être reproduit pour l’alimentation.
Le défi reste pour l’instant la validation du modèle puis la pérennisation de ces actions, au-delà des phases pilotes.