En voilà un concept ! Un grand jeu national populaire, qui permettrait de lever des millions d’euros pour nos associations. Une loterie de l’impact social. Un loto numérique pour la transition écologique. Des spectacles-événements qui collectent des dons pour la santé ou pour l’éducation. Soyons fous, on pourrait même lancer un crowdfunding auprès des plus fortunés !
Et bien, vous savez quoi ? Tout cela existe déjà ! Sachez que pour gagner des millions, il y a mieux que les bonnes grâces de Pierre-Edouard Stérin (nous allons y revenir). Oui, il y a ce que j’appellerai « l’autre Gen-Z » : la génération Zucman, ZeratoR, ZEvent et Mazzella (bon d’accord, ses Z à lui sont au milieu, mais il en a deux 😉 Je les mets tous dans le même bateau, et je vous explique pourquoi.
Jouons un peu, connaissez-vous Gabriel Zucman ? Il propose un crowdfunding obligatoire sur les plus riches, certains appellent cela l’impôt paraît-il. Mais quelle bonne idée ! C’est vrai ça, il suffit de dire aux gens très riches : « Comme tu est très riche, tu peux donner un peu plus que les autres ». Un enfant de maternelle comprendrait cela. Gabriel Zucman, économiste spécialiste de l’évasion fiscale et des inégalités, propose donc une taxe de 2% sur le patrimoine des milliardaires.
Cette taxe Zucman rapporterait au bas mot 15 milliards d’euros et financerait des biens publics comme la transition écologique, la santé ou l’éducation. Dont les associations sont la plupart du temps les chevilles ouvrières ou l’arrière-garde. Alors Alléluia ! Même si la taxe Zucman est encore loin d’être votée.
De son côté, la plateforme Dift, créée en 2022 par le fondateur de Blablacar, Frédéric Mazzella, a décidé d’appuyer sur l’accélérateur. Après avoir permis de collecter plus de 20 millions d’euros en trois ans pour 260 associations grâce au mécénat d’entreprise, en mobilisant 300 marques partenaires dont 12 du CAC 40, Dift a annoncé hier qu’elle ouvrait désormais son dispositif aux citoyens, pour leur permettre de créer des collectes sociales pour des causes qui leur tiennent à coeur. Les temps sont durs pour les associations, l’urgence n’attend pas.
Impressionnante aussi, car éruptive, la prouesse de ZEvent me plaît particulièrement. D’accord, je suis en plein décalage générationnel. Vous connaissez Twitch ? Un peu. Comme moi donc… bon ! C’est une plateforme sur les internets, où se rassemblent des joueurs de jeux vidéo. L’un d’eux s’appelle ZeratoR, c’est un pseudo et c’est un énooorme influenceur. Il a lancé voilà neuf ans ZEvent, un événement caritatif destiné à récolter des fonds par le biais du streaming pendant trois jours.
Et bien, la semaine dernière, quarante joueurs étaient réunis à Montpellier pour le ZEvent et plus de 200 autres à distance, tous en direct pour lancer des défis en live et pour collecter le maximum de dons pour huit associations du secteur de la santé. Pendant trois jours, ça hurle, ca rigole… et ça collecte 16 millions d’euros ! Waoww !!!
Parmi les bénéficiaires, on retrouve l’Association Française des Aidants, La ligue contre le cancer, Nightline, Helebor (à découvrir dans ce podcast sur Mediatico), mais aussi L’envol, Le Rire Médecin, Sparadrap et Sourire à la vie. Et j’apprécie particulièrement de voir la prouesse saluée par la Fondation de France, qui a organisé la collecte, ou le Don en confiance, qui salue la rigueur et la transparence de cette action.
Retenez donc que, pour gagner des millions, il n’y a pas que Pierre-Edouard Stérin dans la vie. Ce milliardaire, qui soutient ouvertement l’extrême-droite, qui fit fortune en vendant ses Smartbox (n’en achetez plus !), qui ambitionne de gagner la bataille culturelle et électorale pour le redressement de la Fraaaance, avait lancé voilà neuf ans ses premiers shows événementiels pour lever des dons pour quelques associations triées sur le volet. Il a quitté les arcanes du dispositif cet été (lire notre article), mais son ombre planera toujours.
La prochaine Nuit du Bien Commun nationale aura lieu le 4 décembre, aux Folies Bergères, à Paris. Le record de 1,4 million d’euros de dons obtenus l’an dernier (lire cet autre article) sera sans doute dépassé. Mais la soirée restera sans doute bien en-deçà des sommes récoltées par ZEvent ou par Dift. Et pourtant, je tremble à l’idée que les associations candidates, bien sûr en manque de financements, mais dont parfois je connais les dirigeants, ne réalisent pas où elle mettent les pieds en s’engageant là-bas, au risque de leur réputation.
Derrière ces millions collectés, rappelons que des milliers d’associations luttent aujourd’hui pour leur survie. C’est bien pour cette raison que le Mouvement associatif lance cette semaine une enquête flash sur la santé financière de vos structures. Répondez-y, c’est important. Car sans ces données, pas de plaidoyer. Et sans plaidoyer, pas de moyens financiers.


