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MEDIATICO – INITIATIVES – Les grands voisins

Claire-Anaïs Boulanger, chercheuse à Namur : « Le mot tiers-lieux est un mot-valise »

À l’occasion de la fermeture du tiers-lieu des Grands Voisins, à Paris, Mediatico organisait mi-septembre son évènement public IMPACT #22, filmé en présence de ses lecteurs, faisant intervenir une dizaine d’acteurs des tiers-lieux d’aujourd’hui. En immersion sur le site depuis plusieurs semaines, Claire-Anaïs Boulanger, chercheuse à l’Université de Namur, en Belgique, a réalisé aux Grands Voisins une étude de cas dans le cadre de sa thèse portant sur les tiers-lieux et les « espaces transitionnels ».

« Le mot tiers-lieux est un mot-valise », explique-t-elle. Il peut y avoir des différences entre ces lieux alternatifs en termes de temporalité, de taille, de gouvernance, mais également des points communs. En effet, la plupart des espaces qui se revendiquent comme des tiers-lieux se caractérisent par de nombreuses rencontres. Or, de ces rencontres, naissent des idées de manière spontanée et inattendue. « C’est en mettant en co-présence des activités et des acteurs différents que les synergies émergent », indique Claire-Anaïs Boulanger.

Les tiers-lieux comme vecteurs de changement

« Les Grands Voisins m’ont interpellée, car c’est un tiers-lieu dans lequel nous retrouvons tous les évènements de la société de dehors. C’est-à-dire que vont y cohabiter des activités culturelles et artistiques, des personnes en situation de vulnérabilité, de l’accompagnement social, des activités économiques, des logements, des loisirs… », précise la chercheuse. Elle y remarque aussi une très grande diversité de profils socioculturels et socioéconomiques. « Bien que la diversité fasse partie des enjeux d’un tiers-lieu, il est rare de trouver une réelle diversité dans les faits », poursuit-elle.

Élément unique et particulièrement intéressant aux Grands Voisins, les personnes n’ont pas décidé d’être ensemble au départ. C’est l’une des raisons pour lesquelles Claire-Anaïs Boulanger y retrouve une représentation de la « société de dehors ». Enfin, Claire-Anaïs Boulanger relève aussi dans les tiers-lieux cette volonté farouche de changer les choses.

« Mais dans quelle mesure un tiers-lieu peut-il aider à la transition d’un territoire vers plus de durabilité ? », interroge-t-elle. La question restera ouverte. Car après son expérience aux Grands Voisins, elle repart avec de nouvelles interrogations : comment capitaliser sur cette expérience pour essaimer ? Dans quelle mesure cette expérimentation peut-elle être reproduite à l’extérieur ? « Les conditions qui ont permis de créer le tiers-lieu des Grands Voisins sont de l’ordre de l’inspiration », estime Claire-Anaïs Boulanger. Pas facile de reproduire l’inspiration, n’est-ce pas ?

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