Le monde associatif entre en résistance. « Un jour, une asso, une alerte », c’est le nom de la campagne nationale de mobilisation que lance cette semaine le Collectif des Associations Citoyennes, face aux décisions budgétaires de l’Etat qui menacent l’équilibre économique de milliers de structures associatives engagées en France sur tous les fronts : solidarité, culture, écologie, éducation populaire, sport, défense des droits…
L’objectif de la campagne ? Visibiliser les dégâts concrets des politiques publiques actuelles et faire monter la pression jusqu’à une grande journée de mobilisation le 1er juillet 2025.
Du 19 au 31 mai, chaque jour ou presque, une alerte sera ainsi diffusée massivement sur les réseaux sociaux, dans la presse locale ou via des affiches. Chaque publication mettra en lumière la situation concrète d’une association, ses difficultés, ses chiffres, ses alertes.
Une campagne choc pour briser le silence
Une manière simple mais puissante de raconter la réalité de terrain : les baisses brutales de subventions, la suppression des emplois aidés, la fermetures de lieux, les interdictions d’exprimer des positions critiques, le gel des projets au service des habitants ou des minorités…
« Allons-nous crever en silence ? », s’indigne un directeur de centre social, cité dans l’appel. Cette formule brutale résume l’état de sidération dans lequel se trouvent de nombreux acteurs associatifs, confrontés à des effondrements budgétaires, des plans de licenciement massifs et une mise en péril de leurs missions d’intérêt général.
Un appel à témoignages et une soirée-débat en public
Le Collectif des Associations Citoyennes invite toutes les associations concernées à témoigner via un formulaire en ligne, afin d’enrichir la campagne avec des données précises : le montant des coupes budgétaires, le nombre d’emplois supprimés, les activités stoppées, les projets annulés, les atteintes à la liberté d’agir et de s’exprimer… Ces témoignages anonymisés seront publiés quotidiennement sous forme d’alertes chocs, relayées en réseau.
🔗 Participer à la campagne : formulaire de témoignage
L’économiste et philosophe Patrick Viveret viendra prêter main forte au Collectif lors d’une soirée-débat ouverte au public au café associatif Le Moulin à Café, à Paris, le mardi 27 mai à 20h. La soirée verra aussi intervenir Jean-Baptiste Jobard, porte-parole du CAC, ainsi que Laure Di Franco, directrice de la Confédération nationale des foyers ruraux.
Un enjeu démocratique majeur
Le CAC ne se contente pas d’une campagne de communication : il appelle aussi à la constitution de comités locaux d’action partout en France, pour imaginer ensemble les formes de mobilisation à venir. Chaque semaine, un comité national se réunit pour coordonner les actions, produire des visuels, slogans, supports communs. L’enjeu est clair : repolitiser le débat sur l’avenir du tissu associatif, trop souvent réduit à une logique de prestataires de services remplaçables.
Car au-delà des chiffres, c’est bien d’un projet de société qu’il s’agit. Les associations ne sont pas seulement des gestionnaires de dispositifs. Elles sont les poumons de la solidarité, les piliers de la vie démocratique, les laboratoires d’alternatives écologiques et sociales. Les affaiblir, c’est fracturer un peu plus encore la société, en s’attaquant à ses derniers remparts de lien social et de mobilisation citoyenne.
À travers cette campagne, le CAC entend reconstruire une fierté d’agir collectivement, redonner une voix à celles et ceux qu’on tente de faire taire, et fédérer toutes les énergies citoyennes face à ce qu’il dénonce comme « une entreprise de démolition du commun ».