La dégradation de l’environnement serait devenue la quatrième préoccupation des Français. Plus qu’une simple préoccupation, il s’agirait pour une partie de la population d’une véritable source d’angoisse quotidienne ! La crise sanitaire et les catastrophes naturelles à répétition de ces dernières années ont alimenté un climat anxiogène. Un sentiment certes diffus, mais bien présent, dont l’impact sur nos vies est réel. Ce phénomène s’étend même à la sphère professionnelle ! Il a une véritable influence sur nos choix d’orientation professionnelle. Mais attention, se laisser submerger par ce sentiment d’urgence, c’est risquer de passer à côté de soi et de vos envies profondes. Pour réussir votre reconversion à impact, il faudra parvenir à s’en distancier.
I/ L’éco-anxiété, quand les enjeux environnementaux nous submergent
L’urgence climatique vous attriste ? Vous angoissez de voir le nuage de pollution s’épaissir, la biodiversité disparaître et le thermomètre augmenter ? Vous n’êtes pas le seul. Ces émotions sont de plus en plus courantes face à la crise écologique. Selon les derniers chiffres du baromètres IRSN, la dégradation de l’environnement est devenue la quatrième préoccupation des Français et 56% craignent les effets du réchauffement climatique. Cela n’a rien d’étonnant : le monde entier a tiré la sonnette d’alarme. Les médias nous abreuvent de nouvelles plus inquiétantes les unes que les autres et les experts multiplient les scénarios catastrophes. La pandémie du Covid 19 a encore intensifié cette prise de conscience collective et a participé à créer un climat anxiogène. Pour certains, ce sentiment d’angoisse est tel qu’il se transforme en maladie anxieuse : l’éco-anxiété.
L’éco-anxiété se traduit par un sentiment d’angoisse intense face à la dégradation de l’environnement. Il s’agit d’une véritable pathologie. La solastalgie, elle, est plus large : peur, colère, tristesse, rejet, déni… toutes les émotions inconfortables que peut provoquer le constat de l’urgence climatique. Un phénomène qui toucherait en priorité les jeunes générations qui voient leur avenir en péril. Selon une étude IFOP 2018, 93 % des 18-24 ans sont inquiets du réchauffement climatique. Pour Luc Semal, maître de conférences en sciences politiques au Muséum national d’histoire naturelle, interrogé par Le Monde, « Cette angoisse a toujours existé dans le militantisme écologique, mais elle s’est récemment aggravée sous l’effet d’une réduction des horizons temporels. Le dérèglement climatique ne va plus affecter les générations futures mais celles d’aujourd’hui, analyse. Ce sujet est tellement écrasant, d’un point de vue émotionnel, qu’il peut phagocyter la vie personnelle ».
Les conséquences de ce phénomène apparaissent ainsi plus clairement : une remise en cause personnelle, visant à réconcilier idéal et vie réelle. Car c’est bien d’un hiatus dont il s’agit, d’une dissonance entre nos croyances et les faits, entre nos valeurs et nos actions. Un exemple frappant de ces dernières années est celui de l’huile de palme dans les produits alimentaires. Il a été démontré que la production de cette huile était responsable d’une importante déforestation, contribuant à la disparition de nombreuses espèces, dont les Orangs-outans. Or, si j’ai pour idéal une planète en bonne santé et une biodiversité florissante, continuer de consommer ces produits en ayant conscience des conséquences environnementales de ce comportement va créer une disruption au sein de mon système de valeurs. Pour pallier cette dissonance, je change mon comportement : j’arrête d’acheter quoi que ce soit qui contient de l’huile de palme. C’est donc de ce système de croyance en crise que naît l’envie d’agir. Passer à l’action pour retrouver l’équilibre et pour retrouver du sens.
Mais ce comportement est-il réellement impactant ? La réponse est oui : la mise en place d’actions individuelles peut résulter en une baisse 25% de son empreinte carbone. C’est d’ailleurs la raison d’être de notre atelier « Mes Solutions Climat » : identifier des actions individuelles concrètes à mettre en place pour contribuer à la résolution des enjeux climatiques.
II/ Burn-out écologique, moteur de la transition professionnelle et vice versa.
Mais qu’en est-il des 75% restants ? Si agir à son échelle est indispensable pour atteindre les objectifs fixés par la COP 21, ce ne sera pas suffisant. Selon le rapport Carbone 4 : “Les gestes individuels, bien que nécessaires et non négligeables, ne peuvent permettre à eux seuls la baisse de 80% de l’empreinte carbone personnelle compatible avec l’Accord de Paris”. Les acteurs qui ont le plus de poids dans la balance sont l’Etat, les collectivités locales et les entreprises. C’est cette réalité qui nous rattrape et plonge les éco-anxieux dans une spirale d’angoisse et de peur. Car cette nouvelle dissonance est encore plus écrasante. Et très vite, l’envie d’agir pour faire vraiment bouger les lignes se fait sentir. La remise en question personnelle devient alors professionnelle. Car la perte de sens engendrée par ce climat anxiogène se limite rarement à un seul segment de notre vie. Une perte de repère, ça n’est pas un phénomène cloisonné, distinct ou spécifique, mais global, expansif et concomitant. L’un ne va pas sans l’autre, et impossible de prévoir lequel survient en premier !
Pour Vincent, c’est une remise en question professionnelle qui a fait plonger ce dirigeant d’une PME spécialisée dans l’éclairage dans l’éco-anxiété (Les Echos). « Au fil de mes recherches, je suis tombé sur un podcast dont plusieurs épisodes terminaient tous par la même conclusion : l’effondrement est inévitable » , se souvient-il. « Tout cela m’a semblé tout à fait logique et je suis brutalement entré dans une période de dépression où je n’arrivais plus à avoir ni espoir, ni projet, ni but dans la mesure où j’avais acquis la certitude que mes enfants de 3 et 6 ans allaient vivre l’enfer climatique ». Il est d’ailleurs confronté aux mêmes contradictions à l’œuvre dans la sphère personnelle : « Je reste assez schizophrène sur le sujet parce que d’un côté je vends des produits qui sont en partie fabriqués en plastique et de l’autre je sais qu’il faut absolument éviter de générer plus de CO2. Quand je me lève chaque matin, je sais que ma boîte doit croître pour pouvoir payer mon salaire et celui de mes collaborateurs alors que je suis fondamentalement convaincu que la décroissance est incontournable. ». Sa façon à lui de rétablir l’équilibre entre idéal est réalité, a été d’entamer une formation en parallèle sur le changement climatique. Son objectif : la reconversion professionnelle. « Je ne sais pas encore quelle forme cela prendra mais je veux toucher plus de monde et avoir plus d’impact. On ne peut pas s’en sortir uniquement avec la vision de l’effondrement ! »
III/ Ne laissez pas la crise écologique prendre le dessus sur votre reconversion
Vincent n’est pas le seul à avoir entamé une transition professionnelle. Ces dernières années, nombreux sont ceux qui ne croient plus en notre modèle économique fondé sur la production intensive et la surconsommation. Le métro-boulot-dodo qui va de paire a lui-aussi atteint son point de non-retour : de plus en plus d’actifs placent désormais la quête de sens au travail en tête de leurs préoccupations. 18% d’entre eux ont même l’impression d’exercer un bullshit job ! Beaucoup optent donc pour la reconversion avec comme désir profond d’être utile à la société, de faire quelque chose qui compte, qui fait bouger les lignes. Bref, avoir un impact positif.
Mais la plupart des personnes qui cherchent à se reconvertir, pensent que cet impact ne sera positif que s’il porte sur les enjeux environnementaux. Et comment pourrait-il en être autrement ? La planète se meurt, les abeilles disparaissent et il neige en plein mois de mars ! Il faut agir maintenant pour tenter d’épargner à nos enfants de subir ce désastre écologique. Aux yeux de tous, l’urgence environnementale est devenue le premier et l’unique champ d’action possible.
Mais est-ce vraiment ce que vous voulez faire au fond vous ? S’engager pour le changement peut être coûteux en temps, en argent et surtout en énergie. S’imposer une reconversion sans passion, c’est l’échec assuré. Alors attention à ne pas vous laisser engloutir par ce sentiment d’urgence qui a tendance à nous faire croire que la dimension écologique est la seule dimension envisageable pour une reconversion à impact. C’est faux !
Nous sommes convaincus qu’enjeux environnementaux et sociaux demeurent intrinsèquement liés et également importants. Prenons l’exemple de la lutte pour l’égalité homme-femme pour illustrer cette interrelation : il a été prouvé que la charge mentale de l’écologie pèse principalement sur les femmes. Comme tout ce qui concerne le care – le fait de prendre soin d’autrui. S’engager pour l’égalité des genres revient donc à lutter contre une écologie presque exclusivement féminine et faire en sorte que les hommes s’en soucient tout autant. Finalement, c’est win-win !
IV/ Le job qui vous correspond et dont le monde a besoin
Maintenant posez-vous la question : quel est l’enjeu qui provoque en vous l’émotion la plus forte ? Lequel vous donne envie de déplacer des montagnes ? Vous l’aurez compris, il n’y a pas de mauvaise réponse. La reconversion réussie, c’est celle qui vous correspond et dont le monde a besoin ! Alors si comme Vincent, elle concerne le changement climatique, c’est génial. Et si vous vous révélez dans un autre engagement, et bien c’est génial aussi 😊. Peu importe où cette réflexion vous mène, au fond, le meilleur remède à l’éco-anxiété et aux enjeux environnementaux comme sociétaux, c’est de se lancer ! Pour passer à l’action, nous vous proposons de vous inspirer de témoignages de transitions à impact et de réaliser cinq exercices pour faire le point sur votre vie. Cela vous permettra de mieux cerner vos envies et vos aspirations. Si vous souhaitez passer à l’étape suivante avec un accompagnement, découvrez notre bilan de compétences à impact positif : Cap positif !