La sixième édition du Baromètre du bénévolat de France Bénévolat, réalisée avec l’IFOP et soutenue par le Crédit Mutuel, dresse un portrait nuancé de l’engagement citoyen en France en 2025. Si le nombre de bénévoles reste conséquent, les formes d’engagement évoluent, les disparités se creusent, et les attentes changent profondément.
Un monde associatif en quête d’équilibre
En 2025, le bénévolat associatif ne retrouve pas ses niveaux d’avant-pandémie. Seuls 21 % des Français se disent engagés dans une association – soit environ 12 millions de personnes – un chiffre stable depuis 2022, mais en recul par rapport à 2019 (24 %). En ajoutant les formes de bénévolat informel ou dans d’autres organisations (syndicats, partis, municipalités…), ils seraient 34 % – soit 19 millions – à donner de leur temps, gratuitement, pour les autres ou pour une cause.
Des jeunes plus engagés, des retraités en retrait
Paradoxalement, la dynamique du bénévolat n’est pas uniforme. La progression chez les jeunes est marquée : après le recul observé pendant la pandémie, les moins de 35 ans reviennent vers l’engagement, souvent à travers des projets ponctuels, concrets, et porteurs de sens. Le sport reste d’ailleurs le seul secteur associatif à avoir gagné des bénévoles depuis 2019, en partie grâce à l’effet JOP 2024.
En revanche, les seniors – historiquement les piliers du monde associatif – se désengagent. Chez les 65 ans et plus, la chute est notable, accentuée par une baisse continue chez les 50-64 ans. Ce retrait interroge, alors que ces générations occupaient jusqu’ici des rôles clés dans les fonctions d’encadrement et la transmission des savoirs associatifs.
Une quête de flexibilité et de sens
Ce que recherchent les bénévoles en 2025, ce n’est plus nécessairement l’engagement régulier, mais plutôt la souplesse. Le bénévolat ponctuel, qui avait connu un pic post-pandémie, recule légèrement mais reste dominant. Il s’exprime sous une forme souvent discontinue, mais fidèle : le même événement chaque année, quelques heures pendant les vacances… Une évolution vers un engagement “à la carte”, qui s’adapte aux rythmes de vie.
Parallèlement, les bénévoles attendent plus de reconnaissance, de clarté dans les missions et de convivialité. Si les formes d’encadrement attirent encore (30 % des bénévoles y sont investis), elles restent majoritairement masculines, notamment chez les retraités.
Femmes et bénévolat : une baisse discrète mais persistante
Autre enseignement du baromètre : l’écart entre femmes et hommes se creuse dans le bénévolat associatif. Alors qu’ils étaient à égalité en 2019, les femmes sont désormais légèrement moins nombreuses à s’engager dans les associations. Ce recul n’est que partiellement compensé par le bénévolat informel, lui aussi en baisse chez les femmes. La différence s’accentue notamment à la retraite : 6 points d’écart entre femmes et hommes, contre 3 points chez les actifs.
Le frein principal, c’est le temps. L’opportunité, c’est le lien.
Parmi les 35 millions de Français non engagés dans le bénévolat, près de la moitié invoque le manque de temps. D’autres n’ont tout simplement jamais eu l’opportunité de s’engager. Mais ils ne sont pas hostiles : plus de 25 millions de personnes ne rejettent pas l’idée de devenir ou redevenir bénévoles.
Le meilleur levier ? La sollicitation directe. Être invité personnellement par un bénévole ou accompagné par un conseiller reste le moyen le plus efficace pour franchir le pas. Les plateformes numériques, si prisées par les jeunes, restent marginales dans la mobilisation globale.
Des territoires inégaux face à l’engagement
Le baromètre souligne aussi un désengagement plus fort dans les zones rurales que dans les milieux urbains, accentuant les inégalités territoriales. Une alerte pour les politiques publiques comme pour les réseaux associatifs, qui doivent inventer des réponses sur mesure : transports, accès aux missions, valorisation locale…
Vers quel bénévolat demain ?
Ce Baromètre 2025 donne à voir un monde associatif en pleine recomposition. Si les formes classiques s’érodent, les dynamiques d’engagement demeurent vivaces, portées par de nouvelles générations, de nouveaux rythmes, de nouvelles aspirations.
Le défi, désormais, est d’adapter les structures à cette diversité : proposer des missions souples, valoriser les compétences, décloisonner les publics, et surtout, renforcer les liens humains. Car derrière les chiffres, c’est toujours le désir de faire ensemble qui demeure la clé de voûte du bénévolat.
Rapport complet à retrouver sur le site de France Bénévolat.