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Jérôme Saddier : « Mon sentiment se partage entre la colère et la consternation »

Six jours d’émeutes, d’ultra violences et de destructions des biens communs qui soulagent les familles les plus en difficulté ! L’économie sociale et solidaire, qui s’affirme comme une force motrice capable de trouver des solutions sociales aux défis de nos concitoyens, peut-elle « recoudre » la République ?

« Face aux événements d’aujourd’hui, mon sentiment se partage entre la colère et la consternation »

C’est la question que nous avons posée à Jérôme Saddier, président d’ESS France, dans cette émission « Ess On Air » de Mediatico, qui balaie l’actualité sous le prisme de l’économie sociale et solidaire. Sa réponse : « Colère et consternation », dit-il. Face aux vandales, bien sûr. Et face à la surdité d’un gouvernement devant les maux croissants de notre société. Et de rappeler ce projet de « République de l’ESS », porté par ESS France lors de la dernière campagne présidentielle, qu’il serait si bon de porter collectivement aujourd’hui.

« Aujourd’hui, nous avons besoin d’un grand plan pour la République. Et je pense que nous avons besoin d’un grand plan pour l’éducation populaire dans ce pays »

Au lieu de cela, le débat a viré à l’institutionnel interne durant 4 mois. Quelle perte de temps, résume Jérôme Saddier. Faut-il revoir la Loi Hamon de 2014, qui définit l’économie sociale et solidaire ? La revoir non, mais l’évaluer, oui. Faut-il en revoir la définition dans son article 1 ? Le Conseil Supérieur de l’Économie Sociale et Solidaire (CSESS), présidé par la Secrétaire d’État à l’ESS, Marlène Schiappa, a tranché voilà dix jours. La réponse « à l’unanimité moins une voix », dit Jérôme Saddier, est clairement non : « La définition actuelle est admise par toutes les familles de l’ESS ».

« Pour le Conseil supérieur de l’ESS, il n’y a pas de sujet sur la reconnaissance de l’ESS dans la loi de 2014. Mais il y a un problème d’argent, de volonté, de structuration de l’État, de rapport aux collectivités. Il nous faut une loi de programmation budgétaire complémentaire de la loi ESS ».

Quant à la question de la représentation des entrepreneurs sociaux au sein d’ESS France, exigée par la loi, elle reste entière. Le Mouvement Impact France (MIF), qui s’est élargi au-delà de son cercle historique voilà trois ans, a souhaité s’élargir un peu plus cette année au monde des entreprises à impact hors-ESS, à la faveur de la candidature de Pascal Demurger et de Julia Faure à la co-présidence du MIF. Dès lors, « la représentation des sociétés commerciales de l’ESS reste entière et pourrait être réglée dans les mois qui viennent à la faveur d’une modification des statuts d’ESS France », indique Jérôme Saddier à Mediatico.

« La plupart des entrepreneurs sociaux ne sont pas ailleurs que dans les CRESS. Pour la plupart, ils ne sont pas au MIF. Parlons des chiffres : le MIF c’est 900 entreprises, moi j’en représente 220.000 ».

Voilà qui bouclerait la boucle d’un riche mandat, alors qu’approche la fin de la présidence de Jérôme Saddier à la tête d’ESS France. Il nous dit pourquoi il ne se représentera pas. Il brosse rapidement le profil type d’un ou d’une successeuse éventuelle. Et il répond à une question très directe, à quelques semaines d’un remaniement gouvernemental pressenti dans la classe politique : « Si Emmanuel Macron vous appelle pour prendre le Secrétariat d’État à l’ESS, vous irez » ?

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