35 millions d’euros, c’est la somme qui manque aux Restos du Coeur pour être à l’équilibre budgétaire cette année, sans quoi 150.000 bénéficiaires ne pourront pas être aidés, a alerté ce dimanche le président des Restos du Cœur, Patrice Douret (notre réaction en vidéo ci-dessous, sur Franceinfo.tv).
Une prise de parole intervenue juste après le saccage d’une antenne des Restos du Coeur à Wattrelos (Nord), où 12 camions ont été vandalisés sans raison vendredi, rendant impossible la livraison en denrées alimentaires de 53 centres locaux servant 40.000 bénéficiaires.
Il n’en a pas fallu davantage pour que le gouvernement décide de débloquer d’urgence 15 millions d’euros pour les Restos du Coeur, et pour que les distributeurs Carrefour et Intermarché s’engagent à hauteur de 1 million d’euros de dons supplémentaires d’ici la fin de l’année – en plus de leurs dons habituels – en réponse au cri d’alarme de l’association préférée des Français.
Mediatico invité sur Franceinfo.tv
Invité ce lundi dans la matinale de Franceinfo.tv, Frédéric Vuillod, fondateur de Mediatico, était interrogé par Jean-Baptiste Marteau sur l’état de la solidarité alimentaire dans le pays. Il s’est montré peu surpris par l’appel à l’aide des Restos du Coeur compte tenu de la conjoncture économique, de la hausse des prix alimentaires et de l’explosion des besoins sociaux. Le nombre de demandeurs d’aide alimentaire a en effet augmenté de 7% sur un an à la Croix Rouge, de 20% aux Restos du Coeur et de 20% à 40% selon les antennes du Secours Populaire.
Frédéric Vuillod souligne que toute la chaine de l’aide alimentaire est touchée, des grandes ONG de solidarité aux petites épiceries solidaires de quartier, en passant par les cafés associatifs et les associations de maraudeurs. Cette réalité met en lumière la précarité croissante de certaines tranches de la population en France.
Au-delà de l’urgence, repenser les dons et la fiscalité
Rassurante, la réaction rapide du gouvernement et des distributeurs a tout de même de quoi interpeller, car elle met en lumière un aspect complexe de la solidarité alimentaire, analyse Frédéric Vuillod. En particulier, les dons supplémentaires – louables – des grandes chaînes de supermarchés seront comme toujours déduits de leurs impôts. L’État va donc leur restituer une part d’argent public, au lieu de l’affecter aux associations caritatives dont les besoins sont criants.
L’appel urgent du président des Restos du Cœur, qui a permis de mobiliser en quelques heures l’opinion publique, le gouvernement et les entreprises, révèle donc également un défi sous-jacent important auquel sont confrontées de nombreuses organisations caritatives en France : les besoins sociaux ne cessent de croître, les dons des Français se tassent et il devient nécessaire de repenser de façon globale la manière dont la solidarité alimentaire est organisée et financée.