C’est une antienne dans l’ESS : pas question de laisser le marché du grand âge au secteur privé lucratif ! Ce vendredi 6 juin, le groupe Arpavie a donc officiellement validé sa prise de contrôle par le Groupe SOS, au terme d’un processus lancé en novembre 2024. Ce rapprochement donne naissance à un nouvel ensemble associatif non lucratif de premier plan, au service des personnes âgées et fondé sur des valeurs d’intérêt général.
L’opération se fait naturellement avec l’aval de la Caisse des Dépôts, actionnaire de référence d’Arpavie, qui se félicite de voir ces deux poids lourds du secteur du grand âge conjuguer bientôt leurs expertises et leurs moyens, afin de répondre aux défis du vieillissement de la population.
Unir pour mieux accompagner
Le Groupe SOS Seniors, déjà gestionnaire de 115 établissements, accompagne plus de 6.000 personnes. Il va absorber les 125 établissements d’Arpavie, acteur majeur des résidences autonomie en France, qui accompagne pour sa part près de 9.000 personnes âgées avec l’appui de 3 500 salariés.
Ensemble, ils constituent désormais le deuxième opérateur non lucratif du secteur du grand âge en France, juste derrière le groupe mutualiste Vyv3. Avec un maillage renforcé du territoire – Arpavie en Île-de-France, le Groupe SOS Seniors plus particulièrement dans le Grand Est – la complémentarité géographique renforce leur capacité à répondre localement à des besoins croissants.
Un modèle non lucratif affirmé
À l’heure où la crise du secteur médico-social met en lumière les limites des logiques marchandes, ce rapprochement est porteur d’une vision forte : celle d’un accompagnement respectueux, accessible et sans but lucratif. Chaque euro est réinvesti dans la qualité de service, les conditions de travail et le bien-être des résident·es.
« Mieux-vieillir ne doit pas être un privilège », rappelle Loïc Rumeau, directeur général de Groupe SOS Seniors. Le projet vise à garantir la dignité, l’autonomie et le lien social, notamment grâce à des dispositifs innovants comme le surloyer solidaire, qui adapte les loyers aux ressources des résident·es.
Un soutien stratégique pour ARPAVIE
Fragilisé par des pertes financières (23 millions d’euros de déficit en 2023), Arpavie bénéficie avec ce rapprochement d’un appui stratégique et structurel pour consolider son avenir. L’adossement au Groupe SOS, sans fusion juridique ni disparition de marque, garantit la continuité de l’activité, la stabilité des équipes et la sérénité des familles.
La Caisse des Dépôts, qui a investi 73 millions d’euros dans Arpavie ces dernières années, a fait le choix d’un opérateur solide et engagé. Elle acte ainsi son retrait opérationnel au profit d’un acteur expérimenté du redressement associatif, qui se sent capable de ramener Arpavie à l’équilibre.
Une ambition partagée : redonner du sens à l’accompagnement
Ce rapprochement ne se limite pas à une opération financière ou organisationnelle. Il porte une ambition collective : replacer les établissements pour personnes âgées au cœur des territoires, en lien avec la vie locale, les dynamiques intergénérationnelles et les besoins spécifiques de chaque bassin de vie.
La démarche « Mon Établissement, Mon Domicile », initiée par le Groupe SOS Seniors et en cours de déploiement dans les structures Arpavie, en est l’illustration concrète : faire de chaque lieu de vie un espace respectueux des choix, promoteur d’autonomie et ouvert sur la société.
Dans un contexte de forte tension pour les établissements du grand âge – où près de 70 % des Ehpad associatifs seraient en déficit selon la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne – ce rapprochement ouvre la voie à un modèle résilient et profondément humaniste.
Il faut rappeler que les EHPAD privés à but lucratif, qui représentent environ un quart du parc total en France, sont souvent détenus par de grands groupes cotés en bourse ou par des fonds d’investissement. Leur modèle repose sur une forte optimisation financière : réduction des effectifs, mutualisation des tâches, sous-investissement dans les soins. Le scandale Orpea, révélé par le livre « Les Fossoyeurs » en 2022, avait témoigné d’une culture d’entreprise largement orientée vers la maximisation des dividendes, au détriment de la qualité de vie des personnes âgées.