Le café associatif Le Moulin à Café accueillait fin juin le deuxième débat des « Soulèvements associatifs », autour d’un thème brûlant : la marchandisation des associations. Organisée avec le Collectif des Associations Citoyennes (CAC), la soirée s’inscrivait dans le cycle des Mardis Associatifs et a rassemblé des responsables associatifs, militant·es, élu·es, salarié·es associatifs, étudiant·es… Tous venus questionner l’impact des logiques économiques pour le sens de l’engagement et pour le fonctionnement des associations (voir le replay vidéo de la soirée ci-dessous).
« Les associations sont-elles des entreprises comme les autres ? » La question de la marchandisation des associations n’est pas nouvelle, mais elle devient plus pressante que jamais. Face à la baisse des financements publics, à la montée en puissance des appels à projets concurrentiels et à l’émergence d’acteurs lucratifs sur des champs historiquement associatifs, le monde associatif vacille. Réduit trop souvent à un rôle de prestataire de service, il est aussi prié de se conformer aux logiques de rentabilité et de compétitivité.
C’est tout l’enjeu du deuxième rapport publié par l’Observatoire citoyen de la marchandisation des associations (OCMA), présenté ce soir-là par Marianne Langlet, coordinatrice du rapport au sein du CAC. Ce document, disponible depuis le 26 mai, dresse un état des lieux lucide et inquiet : oui, les associations sont de plus en plus contraintes à adopter des comportements d’entreprise. Oui, elles sont mises en concurrence : entre elles d’une part, et face aux startups sociales d’autre part. Et oui, elles y perdent leur âme, leur finalité d’intérêt général et leur capacité d’innovation démocratique.
Quand les associations perdent le terrain… au profit du marché
Gloria Taoussi, en charge du plaidoyer au Réseau National des Ressourceries, a illustré ces dynamiques par des exemples concrets. Dans le secteur de la réutilisation et du réemploi, des acteurs lucratifs comme Geev ou des plateformes privées viennent occuper un espace historiquement associatif, celui du don d’objets et de la commercialisation d’articles de seconde main. Résultat : création d’un marché, fiscalisation accrue des structures de l’ESS, course aux subventions et parfois disparition des structures associatives locales, pourtant bien ancrées dans leur territoire et qui présentaient l’immense avantage de créer des emplois d’insertion pour les personnes éloignées de l’emploi.
Face à cela, le rapport de l’OCMA ne se contente pas de constater. Il propose des « antidotes démocratiques » : reconnaissance politique et institutionnelle du rôle des associations dans la démocratie, financement pérenne, soutien à la gouvernance citoyenne, refus de la mise en concurrence systématique, et reconnaissance de la subvention comme modèle économique à part entière pour les associations, comme l’avait actée en son temps la circulaire Valls.
Une mobilisation nationale pour redonner souffle au monde associatif
Cette soirée au Moulin à Café s’inscrit dans la dynamique plus large des « Soulèvements associatifs », une campagne nationale portée par le CAC et ses partenaires. Leur objectif : alerter l’opinion, interpeller les pouvoirs publics et mobiliser les acteurs de terrain. Un premier temps fort de mobilisation est prévu le 1er juillet 2025, partout en France.
En accueillant ce débat au cœur de ses Mardis Associatifs, le café associatif Le Moulin à Café, lieu emblématique du 14e arrondissement de Paris, a une nouvelle fois joué son rôle de forum citoyen. Car les associations sont des forces de transformation sociale trop souvent invisibilisées. Leur survie conditionne la vitalité démocratique de notre société.
Un débat nécessaire, un sursaut attendu
La soirée s’est conclue dans un échange riche avec la salle : comment refuser la mise en concurrence sans s’exclure des circuits de financement ? Comment articuler missions d’intérêt général et efficacité économique ? Comment construire une relation avec les élus locaux tout en préservant l’identité associative ? Autant de questions qui resteront au cœur des prochains rendez-vous des Soulèvements associatifs.
Et vous ? Où serez-vous le 1er juillet ?