Comment faire entendre la voix du monde associatif face aux injonctions à la marchandisation, à la baisse des financements publics et aux urgences démocratiques ? Ce 1er juillet, à l’initiative du Collectif des Associations Citoyennes, des voix se sont élevées partout en France. Une émission portée par le média Le Moment et diffusée sur plus de 30 radios associatives, une conférence de presse, des rassemblements, un « atelier des lois » à l’Assemblée nationale, pour une nouvelle reconnaissance des droits associatifs, et une soirée-débat organisée en public au café associatif « Le Moulin à Café ». Face aux menaces qui pèsent, les associations ne baissent pas les bras : elles s’organisent, s’expriment, résistent.
Dans ce cadre, le café associatif du 14e arrondissement avait déjà accueilli fin mai une soirée-débat sur « Les Soulèvements Associatifs », à revoir en replay vidéo ci-dessous, en écho à la campagne nationale lancée par le Collectif des Associations Citoyennes (CAC). À l’affiche, trois intervenants de premier plan : Patrick Viveret, économiste et philosophe engagé ; Laure Di Franco, directrice de la Confédération nationale des foyers ruraux ; et Jean-Baptiste Jobard, porte-parole du CAC.
Une mobilisation qui prend racine
Pour ces acteurs de terrain et de pensée, le constat est clair : le monde associatif est à la croisée des chemins. « Les associations portent une fonction démocratique essentielle, mais elles sont aujourd’hui menacées par des logiques de rentabilité qui les détournent de leur mission première », a rappelé Jean-Baptiste Jobard. Le CAC alerte depuis des années sur la précarisation du tissu associatif, sans que les pouvoirs publics ne répondent à la hauteur de l’enjeu.
Patrick Viveret, fidèle à son approche humaniste, a invité à « une réinvention des modèles économiques, centrée sur le sens, le lien social, et la coopération ». Pour lui, les soulèvements associatifs ne sont pas seulement une réaction de survie, mais aussi une affirmation d’un autre rapport au monde, fondé sur la solidarité et la responsabilité partagée.
Quant à Laure Di Franco, elle a insisté sur la nécessité de défendre les ancrages ruraux du monde associatif, trop souvent oubliés dans les grandes politiques publiques : « Il y a une urgence à considérer les associations comme des partenaires politiques, pas comme de simples prestataires de services. »
Un public engagé et concerné
Avant le débat, les participants ont pu se rencontrer autour d’un repas fait maison, dans une ambiance conviviale et militante. L’occasion d’échanges informels entre bénévoles, salariés associatifs et habitants du quartier. La discussion s’est ensuite poursuivie en salle avec le public, apportant témoignages, critiques et propositions.
En clôture de la soirée, les intervenants ont appelé à participer à la mobilisation, à mutualiser les forces, et à faire réseau. « Le monde associatif n’est pas un monde à part, il est au cœur de la démocratie », a lancé Patrick Viveret, salué par les applaudissements.
Organisé par Le Moulin à Café, une structure associative de quartier, ce temps fort illustre aussi la place du local comme levier du changement global. En ouvrant ses portes à cette parole citoyenne, le café associatif du 14e arrondissement de Paris confirme son rôle de carrefour d’engagements, de réflexions et de militantisme.