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Alimentation durable : la feuille de route gouvernementale déçoit la société civile

Belle ambition que de vouloir promouvoir une alimentation à la fois saine, respectueuse de l’environnement, protectrice de la biodiversité et contribuant à la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Mais le gouvernement a suscité de fortes déceptions en publiant le 4 avril sa Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC). Le document étant soumis à consultation publique jusqu’au 4 mai, les Français peuvent encore donner leur avis.

Prévue par la loi Climat et résilience de 2021, cette feuille de route devait initialement être publiée en 2023. La voici donc avec deux ans de retard, après quelques remaniements gouvernementaux. Autant dire que les attentes étaient fortes. Mais au final, la société civile juge les mesures trop timorées et, surtout, insuffisantes pour répondre aux défis environnementaux et de santé publique.

Des mesures incitatives jugées insuffisantes

Premier reproche, le manque d’objectifs sérieux. Certes, le document présente des chiffres précis dans certains domaines, comme la réduction de 30 % de la prévalence du surpoids, l’augmentation de la consommation de produits bio à 12 %, ou encore l’application des objectifs des lois Egalim et Agec dans la restauration collective. Peccadilles, ou déjà dit : pour les ONG, cela ne suffit pas.

L’absence d’objectifs chiffrés sur la réduction de la consommation de viande, en particulier, a fortement déçu les associations environnementales. « Le lobby des charcutiers traiteurs aurait fait pression », écrit notre confrère Reporterre. Le Réseau Action Climat déplore par exemple le simple appel à limiter la consommation de viandes et de charcuterie sans objectifs-cibles, alors que le consensus scientifique souligne la nécessité de réduire la consommation de produits d’origine animale et d’adopter des pratiques agroécologiques pour atteindre les objectifs climatiques.

En janvier 2024, le Haut Conseil pour le climat affirmait que la baisse de 50% des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole d’ici 2050 nécessitait une baisse de 30% de la consommation de produits d’origine animale par les Français.

Une occasion manquée pour une politique ambitieuse

La stratégie gouvernementale prévoit par ailleurs des engagements sur la qualité nutritionnelle et la durabilité dans les secteurs de la transformation alimentaire, ainsi que des mesures pour réduire la pression marketing sur la population. Mais les ONG regrettent que la majorité de ces mesures soit de nature incitative, sans contraintes réglementaires ou financières pour garantir leur mise en œuvre.

Enfin, elles critiquent vivement le retrait de l’action qui visait à réduire l’exposition des enfants aux publicités pour des produits trop gras, trop sucrés ou trop salés. Alors que le Royaume-Uni, par exemple, a interdit la publicité pour la malbouffe sur internet et à la télévision en journée.

Les 58 organisations de la société civile signataires d’un décryptage de la SNANCC évoquent sans détour une « occasion manquée de doter la France d’une politique alimentaire ambitieuse et cohérente ». Elles appellent à rehausser l’ambition de la stratégie nationale en lui fixant des objectifs précis, assortis de moyens réglementaires et financiers adéquats.

Ouverte jusqu’au 4 mai, la consultation publique visant à recueillir l’avis des Français est accessible au grand public à partir de cette page : https://agriculture.gouv.fr/consultation-publique-projet-de-strategie-nationale-pour-lalimentation-la-nutrition-et-le-climat

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