Petit happening en vue ce soir, à 18h45, sur le Parvis des droits de l’Homme à Paris. Face au Trocadéro, ce mardi 25 mars, cinquante feux de détresse seront allumés simultanément pour rappeler l’urgence d’une situation : la malnutrition mondiale. Et cela, à quelques heures d’un sommet international qui se réunit à Paris et qui aura valeur… de crash test : le Sommet Nutrition for Growth (N4G) des 27 et 28 mars.
Depuis le retour de Donald Trump, les États-Unis se sont en effet retirés de l’USAID, un programme de financement de l’aide aux pays pauvres. Dans le même temps, les embardées du président américain autorisent à présent, en France, les attaques politiques les plus décomplexées contre l’Agence Française de Développement (AFD), qui soutient elle aussi les pays du Sud.
Benoît Hamon, directeur de Singa et président d’ESS France, titrait la semaine dernière dans une tribune à Libération : « Les plus riches ont abandonné la guerre contre la pauvreté ». Il y dénonce tour à tour la guerre idéologique contre l’argent public et la démocratie, « Musk et Trump qui font la guerre aux pauvres », leurs adeptes en France qui « veulent tuer l’AFD comme Trump a tué USAID ».
Et il remet nos idées en place en rappelant que l’AFD est « l’une des agences qui agit le plus efficacement au service de la paix, du développement durable, de la santé, du climat et de la lutte contre la pauvreté ».
Une crise silencieuse
Et pourtant, la tendance de fond est alarmante : les budgets pour l’aide internationale reculent. Et en particulier pour l’aide alimentaire. À quoi s’ajoute la hausse programmée des dépenses militaires en Europe, qui invite aux économies budgétaires.
Dans ce contexte, le Sommet N4G à Paris apparaît comme un « crash test » pour la solidarité internationale, estime l’association Focus 2030. Quels efforts sont encore prêts à consentir les pays donateurs ? C’est toute la question, à l’heure où la malnutrition ravage les populations les plus vulnérables.
La malnutrition est aujourd’hui la première cause de mortalité infantile dans le monde, indique Focus 2030. Elle est responsable de près de 50 % des décès d’enfants de moins de cinq ans. De façon incompréhensible, les solutions existent et sont peu coûteuses, mais elle ne sont pas financées. Cette crise reste ignorée des médias et de la communauté internationale. Quant au désengagement des pays donateurs, il aggrave la situation.
Le Sommet N4G arrive à point nommé et ne s’installe pas à Paris par hasard. Lancé en 2013, ce sommet revient tous les quatre ans, dans les pays hôtes des Jeux olympiques et paralympiques. Un moyen de bénéficier encore un peu de la lumière du monde pour défendre une cause noble. Le dernier Sommet, organisé au Japon en 2021, avait permis de réunir 27 milliards de dollars. Combien, cette fois, à Paris ?
L’engagement de la France
La France consacre actuellement 0,5 % de son PIB, soit 14,3 milliards d’euros, à l’aide internationale pour les pays en voie de développement. C’est trop, dira Bercy. C’est trop peu, répondent les Français. L’association Focus 2030 indique, selon un sondage récent, que 59% des Français sont favorables au maintien ou à l’augmentation de l’aide publique au développement.
Ainsi, en dépit de la conjoncture, ou peut-être à cause d’elle, le coeur des Français ne faiblit pas, bien au contraire. Les personnes qui souhaitent une diminution de l’aide de la France à l’international sont de moins en moins nombreuses : leur part est passée de 43 % en 2013 à seulement 27 % en janvier 2025.
Ce Sommet N4G apparaît donc comme une chance, pour la France comme pour les dirigeants mondiaux, de prouver que la solidarité internationale n’est pas une cause perdue. Les engagements pris à Paris seront scrutés de près et ils pourraient déterminer l’avenir de millions d’enfants à travers le monde.
Cette semaine, les yeux du monde seront donc tournés vers la France. Mais à à double titre. D’une part, pour le Sommet N4G jeudi et vendredi, où les attentes sont fortes. D’autre part, pour un nouveau sommet sur la guerre en Ukraine, ce jeudi, qui va lui voler la vedette. Il faut bien exister dans les médias pour défendre sa cause. Ce soir, un happening s’imposait.
Le dossier spécial de Focus 2030 sur le sommet Nutrition For Growth :
https://focus2030.org/Sommet-Nutrition-for-Growth-2025-a-Paris-pour-lutter-contre-la-malnutrition