Claude Alphandéry : "Dès l'enfance, j'ai découvert cette injustice insupportable de la différence de revenus"

Claude Alphandéry nous a quittés hier, à l’âge de 101 ans. À l’occasion de sa disparition, Mediatico vous invite à revoir la vidéo de cette longue interview-portrait, particulièrement inspirante, que nous lui avions consacré voilà cinq ans. Claude Alphandéry nous avait alors reçu chez lui, acceptant bien volontiers, comme toujours, de raconter les racines de son engagement, son parcours de banquier iconoclaste et ses valeurs humanistes qu’il souhaitait ardemment transmettre aux jeunes générations.

Le destin de Claude Alphandéry a toute sa vie été étroitement lié à celui de la France. Né en 1922, le jeune Claude a subi la Seconde Guerre mondiale de plein fouet. Juif et résistant, ce Parisien deviendra président du Comité départemental de Libération de la Drôme à la demande de Jean Moulin. Mais sa vie d’engagement a pris racine bien avant, dès l’enfance, sous la chaleur du soleil marocain. Là-bas, il a découvert cette « injustice insupportable » de la différence de revenus. Une différence qui permettait au pacha El Aglaoui d’arroser ses pelouses verdoyantes pendant que le peuple peinait à s’abreuver.

Au ski, il convainc Michel Rocard de créer le RMI

Après la guerre, Claude Alphandéry fût attaché d’ambassade à Moscou, diplômé de l’ENA, expert économique auprès de l’ONU à New-York… Ensuite, de retour en France, il dirigea la Banque de la construction et des travaux publics jusqu’en 1980. C’est grâce à lui qu’il est possible aujourd’hui de faire des prêts immobiliers sur 20 ans. Auparavant, le plafond était fixé à 12 ans. Adhérent au Parti socialiste, il a éveillé de nombreux hommes politiques aux valeurs et aux solutions portées par l’économie sociale et solidaire (ESS), à commencer par l’ancien Premier ministre Michel Rocard, créateur du RMI, qu’il a convaincu… lors d’une mémorable journée de ski !

Président d’honneur du Labo de l’ESS qu’il avait créé, considéré comme l’un des pères fondateurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), l’ancien résistant nous enjoignait voilà peu… à résister encore ! Début mars, « hospitalisé et alors que mes forces déclinent », il écrivait dans L’Obs une dernière tribune, un dernier appel bouleversant contre le retour de « la barbarie », à savoir « l’arrivée au pouvoir de régimes autoritaires et populistes » qui menacent l’Etat de droit, les libertés publiques et la paix. (lire sa dernière tribune).