« Hello, Goodbye », chantaient les Beatles en 1967. « HelloQuitteX », entonnent en 2025 des milliers d’adeptes du réseau social X, à l’heure de l’investiture de Donald Trump. Son retour à la Maison Blanche comme 47e président des Etats-Unis marque un tournant dans l’histoire de la diplomatie, de la géopolitique et du commerce international. Mais aussi, soyez-en sûrs, dans l’histoire de la démocratie, des libertés individuelles et de la liberté de la presse. Pourquoi ?
Parce que depuis qu’il a racheté Twitter et l’a renommé X, Elon Musk, désormais membre du gouvernement Trump, réduit tous les efforts de modération des messages de son réseau social et instrumentalise son algorithme à des fins politiques. Oui, Elon Musk interfère à présent dangereusement et ouvertement dans la vie politique des démocraties européennes, comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne, où il soutient les partis d’extrême droite. Du jamais vu chez les milliardaires, d’habitude beaucoup plus discrets.
L’ennuyeux, c’est que X compte 600 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 12 millions en France. Le philosophe canadien des médias Marshall McLuhan affirmait, à l’époque des Beatles : « Le message, c’est le médium ». Il expliquait que le canal de transmission du message compte plus que le message lui-même pour transformer la société. Elon Musk aussi l’a bien compris. Avec X, il s’est offert voilà deux ans, pour 43 milliards de dollars, un canal d’influence considérable. Mais il laisse courir la désinformation, pulluler les mensonges, les insultes, la manipulation des foules…
« J’accuse » est un « anti fake news »
Émile Zola – c’était un peu avant les Beatles – publiait son « J’accuse » en janvier 1898 dans le journal « L’Aurore », devenu depuis « Le Figaro ». Dans cette lettre ouverte au Président de la République de l’époque Félix Faure, Émile Zola dénonçait l’injustice faite au capitaine Alfred Dreyfus. Ce dernier était « accusé à tort d’être un espion parce qu’il était d’origine juive », rappelle l’une des cartes de la Fresque des valeurs républicaines, créée récemment par quelques amis et que j’avais la chance d’inaugurer. Car la République a besoin aujourd’hui d’être défendue.
Je vois bien des correspondances entre 1898 et 2025 : les attaques contre les religions, la résurgence de tensions géopolitiques majeures, la fragilité de nos démocraties, la manipulation des foules. Mais aussi le courage des mots et la force du refus. Le « J’accuse » de Zola a précédé la loi sur la laïcité, il est devenu l’un pilier de la liberté de la presse, de la lutte contre l’arbitraire et l’antisémitisme, de la vérité face au mensonge. Ce « J’accuse » est un « anti fake news » avant l’heure. Nous ne le savions pas, mais Émile Zola était déjà un anti Musk.
HelloQuitteX, le front du refus
A l’heure où certains veulent interdire X en France, comme le Brésil l’a fait en septembre, comme l’Union européenne peut tout à fait le décider estime Thierry Breton, comme le souhaitait aussi la semaine dernière la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier, le front du refus est aujourd’hui du côté des utilisateurs.
Nombreux ont rejoint HelloQuitteX, ce mouvement français à vocation internationale qui rallie des personnalités, des collectivités, des associations, des syndicats et des médias, espérant faire du 20 janvier la date du grand départ, celle de la fermeture de milliers de comptes sur X (découvrir HelloQuitteX).
Que feront les acteurs de l’ESS ? Quelle sera l’ampleur du mouvement ? Quelle sera sa durée dans le temps ? Quel sera son impact ? L’avenir le dira. En attendant, les lecteurs de Mediatico peuvent retrouver nos « tweets » non plus sur X, mais sur Bluesky. Nous aussi, nous avons quitté X.