Alors que Bordeaux accueille cette semaine le GSEF 2025, forum mondial de l’économie sociale et solidaire dont Mediatico est partenaire, tous les continents vont faire entendre leur voix, leur vision du monde et leur approche de l’ESS.
En Europe, par exemple, avec le programme Erasmus+ qui vient de lancer son appel à projets 2026, l’Union européenne soutient l’inclusion, l’engagement citoyen et les transitions écologique et numérique, autant de valeurs communes avec l’ESS. Explications de Nelly Fesseau, directrice de l’Agence Erasmus+ France, basée justement à Bordeaux.
Mediatico : Pourquoi l’Agence Erasmus+ France a-t-elle choisi d’être partenaire du Forum mondial de l’ESS à Bordeaux ?
Nelly Fesseau : Nous avons souhaité être partenaires du GSEF à Bordeaux, où notre agence est installée, pour faire connaître les opportunités Erasmus+ accessibles aux acteurs de l’ESS et les informer de l’ouverture prochaine de l’appel à projets Erasmus+ 2026.
Erasmus+ est le programme de l’Union européenne pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport. Ses priorités sont aussi celles des acteurs de l’ESS : inclusion, engagement citoyen, transitions verte et numérique. C’est un levier pour soutenir l’innovation sociale, particulièrement dans le domaine de la formation et l’insertion des adultes.
Coopératives, tiers lieux, mutuelles, associations, collectivités ou encore fondations… les structures de l’ESS peuvent bénéficier d’un soutien d’Erasmus+ pour permettre à leurs salariés, formateurs ou bénévoles, de partir observer les pratiques de leurs homologues ailleurs en Europe, et ainsi renforcer leurs compétences. Devenir porteur de projets Erasmus+, c’est donner l’opportunité à son organisation de développer de nouvelles méthodes de travail, de passer à une échelle européenne ou simplement de renforcer la cohésion des équipes.
Les publics de ces structures peuvent aussi bénéficier de notre appui, notamment celles et ceux qui n’ont jamais eu l’opportunité de partir à l’étranger, pour reprendre confiance en eux, gagner en autonomie, développer des compétences et assurer leur insertion.
L’enveloppe prévue pour la mobilité des adultes sur l’appel à projets 2026 s’élève à 21 millions d’euros. Nous invitons les structures de l’ESS à se saisir de ces opportunités. Nos équipes les accompagnent avec un parcours de webinaires et d’ateliers. Sans oublier la plateforme EPALE pour se renseigner et trouver des partenaires européens.
Mediatico : Quels sont les projets d’économie sociale et solidaire les plus emblématiques que le programme Erasmus+ a permis de développer en Europe ?
Nelly Fesseau : Nous publions justement cette semaine une Note de l’Observatoire Erasmus+ cette semaine, conduite par le cabinet de sociologie n-clique sur 330 structures françaises bénéficiaires de financements Erasmus+ pour l’Education des adultes depuis 2021. Nous y voyons que plus de la moitié des structures soutenues s’adressent à des publics en situation d’isolement social, en recherche d’emploi ou encore exposés à la discrimination. Parmi ces structures, quelques exemples récents et inspirants :
- Le pôle Insertion du groupe VYV de Bourgogne Franche Comté envoie ses employés en mobilité en Italie et en Finlande, pour se former à différentes méthodes d’accompagnement des personnes en situation de handicap pour leur recherche d’emploi.
- L’association Cyclotopia a envoyé ses bénévoles à Bruxelles et Barcelone pour se former et rendre la pratique du vélo plus accessible à Marseille. Parmi leurs découvertes : le « vélo-bus » mis en place à Barcelone, qui permet aux enfants de se rendre à l’école à vélo, en groupe et de manière encadrée.
- La CRESS Provence-Alpes-Côte-d’Azur met des bourses de mobilité à disposition des salariés, des administrateurs et des bénévoles des entreprises de l’ESS de la région. L’objectif : enrichir leurs pratiques professionnelles autour du développement local, de l’égalité femme-homme, de l’inclusion ou encore de l’économie circulaire.
Mediatico : Existe-t-il un projet qui interroge les modèles de gouvernance dans l’ESS à l’échelle européenne ?
Nelly Fesseau : Je pense à un projet qui me tient particulièrement à cœur et qui est porté par ESS France : le projet CAPSE (Collective Action for Parity in the Social Economy), qui porte sur la parité femmes-hommes dans les instances de gouvernance, a débuté en octobre 2023 et se termine à la fin de cette année.
L’égalité entre les femmes et les hommes est au cœur des valeurs portées par les entreprises de l’ESS. Malgré une forte féminisation de ces emplois (68% en France), l’ESS reste traversée par des inégalités importantes, avec les mêmes mécanismes que dans les autres secteurs : plafond de verre, écarts de rémunérations, temps partiels…
Les membres de la gouvernance de plusieurs réseaux de l’ESS en France, en Belgique et en Espagne se sont rencontrés et ont échangé sur leurs pratiques pour identifier les freins et développer des solutions.
Le projet CAPSE devrait avoir sensibilisé 150 dirigeants (membres d’administration et de direction) issus des instances de gouvernance de fédérations de l’ESS en Europe. Les ressources et les outils issus du projet seront bientôt disponibles sur notre plateforme EPALE.





