Le taux d’épargne des Français n’a jamais été aussi élevé que par temps de Covid. Et, par bonheur, l’épargne solidaire en profite à plein. Depuis le premier confinement, les Français les plus aisés ont en effet accumulé 142 milliards d’euros d’épargne imprévue, faute de pouvoir donner libre cours à leurs dépenses de loisirs, indiquait la Banque de France la semaine dernière. Que vont-ils en faire ? Selon l’Ifop, 28% souhaitent l’investir en immobilier, 23% en voyages ou en achat de voitures et 22% veulent juste répondre aux urgences du quotidien. Mais une part significative d’entre eux a aussi choisi, dès l’an dernier, de donner du sens à cet argent : en 2020, l’épargne solidaire a enregistré, elle aussi, une croissance exceptionnelle. Au point d’atteindre des niveaux jamais égalés !
« 2020 est une année hors norme pour la finance solidaire », confirme Frédéric Tiberghien, président de l’association Finansol, au vu du dernier Baromètre de la finance solidaire, publié hier dans le journal La Croix. Avec un encours global de 20 milliards d’euros, contre 15 milliards en 2019, la finance solidaire continue non seulement de séduire les Français, mais elle accumule les records : 5 milliards de plus en une seule année, du jamais vu ! Et 33% de progression d’un an sur l’autre, c’est la plus forte augmentation jamais enregistrée. Alors même si ces 5 milliards ne représentent que 3% du surplus d’épargne accumulé par les Français, ne boudons pas notre plaisir. Car cette épargne solidaire, à l’évidence, a été l’an dernier plus utile que jamais !
L’épargne solidaire des Français est en effet toujours orientée vers des projets utiles au plan social ou environnemental, tels que la création d’emplois associatifs, l’hébergement d’urgence, la transition énergétique, l’agriculture biologique, le micro-crédit, le soutien aux entreprises solidaires… L’an dernier, les 5 milliards d’euros d’encours supplémentaire ont déjà permis d’accorder 566 millions d’euros de nouveaux financements (+24%) à ce type de projets, permettant notamment :
➢ de soutenir 38.480 emplois
➢ d’héberger 1.421 personnes
➢ d’approvisionner 8.372 foyers en électricité renouvelable
➢ de développer 1.006 hectares d’agriculture biologique (soit 704 terrains de football)
➢ de soutenir 50 acteurs du développement économique dans des pays du Sud
Et vous, comment allez-vous contribuer ? Pour le savoir, il faut connaître les bons circuits. Première piste, l’épargne salariale solidaire : elle représente à elle seule 11 milliards d’euros (+21%) de l’encours de l’épargne solidaire en 2020. Si vous êtes salarié d’une entreprise de plus de 10 salariés, votre employeur doit vous proposer au moins un Fonds Commun de Placement d’Entreprise (FCPE) solidaire, renseignez-vous. Deuxième piste, l’épargne bancaire solidaire : elle pèse presque 8 milliards d’euros et peut prendre la forme de livrets d’épargne solidaires, de cartes bancaires solidaires, de plans d’assurance-vie solidaires… Là aussi, interrogez votre banquier ! Troisième piste, vous pouvez financer en direct des entreprises solidaires, par exemple via le financement participatif : voilà qui représentait l’an dernier 800 millions d’euros (+15%) sur le total des encours de l’épargne solidaire.
Bon à savoir : les dispositifs d’épargne solidaire bénéficient d’un avantage fiscal. Par exemple, si vous investissez dans un FCPE solidaire, vos plus-values sont exonérées d’impôt sur le revenu. Et si vous entrez au capital d’une entreprise solidaire, une part de votre investissement est aussi défiscalisé.
A l’évidence, lorsque les pouvoirs publics veulent soutenir les comportements vertueux des consommateurs ou des épargnants, le levier fiscal est déterminant. Invitons-les à en user et à en abuser. Même si l’économie d’impôt n’est pas le seul facteur déclenchant de la vertu, comme l’a montré l’an dernier la crise du Covid et le magistral effort de solidarité dont ont fait preuve les Français.