Facile d’enseigner le numérique à distance ? Pas sûr. Face au coronavirus, Simplon.co a réussi le tour de force de s’adapter en un éclair. Dans cette entreprise sociale qui emploie 300 salariés, plus de mille personnes en formation sont ainsi passée du « présentiel » au « distanciel » en l’espace de deux semaines à peine, quittant les salles de classe pour apprendre à distance.
Certes, cette école du numérique, ouverte à tous et gratuite, qui connaît une croissance fulgurante depuis cinq ans, a plusieurs atouts dans sa manche : « En tant qu’entreprise du numérique, digitalisée et dotée d’outils collaboratifs, nous sommes habitués au télétravail« , explique son directeur général François Durollet à Mediatico : « chez Simplon, chacun a droit à deux jours de télétravail par semaine, c’est un droit« .
Temps de travail en baisse de 30%
Pour autant, « cette crise remet en cause notre modèle pédagogique« , poursuit-il. Finie l’atmosphère collective de la classe, la solidarité dans l’apprentissage, le travail en équipe… Surtout, impossible de démarrer de nouvelles formations, puisque le confinement interdit l’accueil de nouveaux apprenants.
Par conséquent, Simplon a demandé le chômage technique partiel pour ses 300 collaborteurs, explique François Durollet. L’ensemble des salaires va donc baisser, sans disparités entre les salariés. Car globalement, le temps de travail moyen a déjà diminué de 30% chez Simplon, même si « ceux qui ont moins de travail viennent aider ceux qui en ont davantage ».
Simplon, solidaire des autres acteurs de l’économie sociale et solidaire
Côté trésorerie, pas d’inquiétude dans l’immédiat : Simplon a fait deux levées de fonds en deux ans, dont 12 millions d’euros l’an dernier. Certes, l’objectif était d’investir en France et à l’international, mais « nous avons la chance d’avoir un niveau de fonds propres importants » qui permet de voir venir, assure François Durollet. « Nous en faisons d’ailleurs bénéficier les autres acteurs de l’économie sociale et solidaire, en payant rapidement nos partenaires qui en ont besoin« , poursuit-il, « il est important d’être solidaires entre nous« .
Mais déjà, chez Simplon, la réflexion est à la sortie de crise. Son fondateur, Frédéric Bardeau, a mis en place un chantier nommé « La vie continue, Préparons l’avenir », qui s’interroge sur la place des femmes dans le numérique, le handicap, le Green IT… Et il réunit une cellule de crise tous les matins depuis début mars, qui prépare déjà le redémarrage de l’activité pour l’après-confinement.
Saisir dès aujourd’hui les opportunités
« Nous espérons que la crise va modifier les pratiques, le poids de l’économie libérale, et nous regardons déjà quelles opportunités peuvent apparaître« , termine François Durollet. Comment positionner Simplon comme acteur de la formation au numérique si le chômage s’envole en France, si les aidants en Ehpad ont besoin de plus d’accompagnement sur les outils digitaux, si le numérique offre des solutions sur la question alimentaire ou pour l’environnement… « Il y a mille idées« , assure François Durollet. Il reste à savoir bien les anticiper, pour les saisir au bon moment.