En cette rentrée scolaire, tous les enfants ne franchiront pas les portes d’une classe. Ce lundi 1er septembre, des milliers d’élèves en situation de handicap restent en effet sans solution adaptée, ou ne bénéficient que de quelques heures d’enseignement hebdomadaire.
L’Unapei, première fédération d’associations de défense des droits des personnes handicapées, dénonce cette réalité dans son enquête annuelle et relance sa campagne #JaiPasEcole, invitant les familles victimes de ces situations à témoigner sur https://www.marentree.org/
Des chiffres alarmants
Menée auprès de 38 associations locales et concernant plus de 3 600 enfants de 3 à 16 ans, l’enquête de l’Unapei met en lumière une scolarisation à temps très partiel, loin du droit garanti à chaque élève : 13% d’entre eux ne bénéficient d’aucune heure de scolarisation, et 68% ont moins de 12h d’école par semaine. Au total, près de 80% de ces enfants handicapés ne bénéficient donc pas d’un traitement équitable vis-à-vis des autres enfants en matière d’accès à la scolarité.
En outre, plus de 4 400 enfants supplémentaires sont en liste d’attente pour une solution éducative adaptée. Enfin, autre signe de leur invisibilité, en juillet 2025, 65% d’entre eux n’avaient pas de numéro INE, le matricule scolaire de l’Éducation nationale, les faisant sortir des statistiques et des sujets de préoccupation des décideurs publics.
Derrière les chiffres, des vies suspendues
Les témoignages des familles recueillis par l’Unapei sont bouleversants.
Clémentina, mère de Léo, 11 ans, autiste et porteur de TDAH, raconte : « Léo entre en 6e avec seulement 9 heures de cours par semaine, en maths et en français. Il est curieux, vif, mais privé d’une vraie scolarité. Pas de place en ULIS, l’établissement est saturé. À 11 ans, il est déjà harcelé. Ses droits existent sur le papier, mais dans la réalité, c’est à nous de combler les manques, en payant une éducatrice spécialisée. »
Laura, maman de Diego, 3 ans, fait le même constat : « Sans AESH [accompagnants d’élèves en situation de handicap, ndlr], mon fils ne peut pas aller à l’école. Elles n’étaient que deux pour six enfants autistes dans toute l’école. Résultat : seulement cinq heures de scolarisation par semaine. »
Et certains enfants, comme Gabrielle, 12 ans, en Loire-Atlantique, n’ont tout simplement aucune solution scolaire à la rentrée, relate encore l’Unapei.
L’école inclusive ne doit pas devenir un dogme
Pour Luc Gateau, président de l’Unapei, l’écart est immense entre les ambitions politiques et la réalité vécue. « Des promesses, il y en a, reconnaît-il. Mais derrière, combien d’enfants n’ont que des “bouts” de scolarisation ? L’école inclusive ne doit pas devenir un dogme. Ce qui compte, c’est que chaque enfant ait le mode de scolarisation adapté à ses besoins réels. »
L’inclusion, pour être réelle, suppose des moyens : des professionnels formés et en nombre suffisant, des dispositifs spécialisés renforcés, une coopération étroite entre l’école, le secteur médico-social et les familles, ainsi que l’accessibilité matérielle et pédagogique.
Une exigence de justice
Alors que la rentrée se veut symbole d’égalité et de droit à l’éducation pour tous les enfants, la fédération alerte sur une discrimination structurelle. Faute d’une scolarisation adaptée et continue, ces enfants voient leurs apprentissages, leur socialisation et leur avenir compromis.
L’Unapei appelle donc le gouvernement à garantir une solution adaptée à chaque élève, à recruter et à former massivement des enseignants et des AESH, et à soutenir les établissements spécialisés, toujours saturés.
« L’école ne doit pas être uniforme. Elle doit être juste et adaptée à chaque enfant », rappelle l’association. En cette rentrée 2025, son mot d’ordre relayé par des milliers de familles reste tristement d’actualité : #JaiPasEcole.